Vous souhaitez rénover votre maison ou la redécorer? Monaco Economie a consulté un architecte d’intérieur de la place, Garbarino Interior Design. Interview de David Garbarino, DG opérationnel.
Pour quels projets – décoration ou rénovation – les clients font-ils appel à vous?
Ils viennent chez nous pour tous les cas de figure car nous avons toutes les casquettes de la profession. Nous sommes architectes d’intérieur, décorateurs, créateurs de mobilier et revendeurs exclusifs de certaines marques comme Visionnaire. On travaille beaucoup sur du résidentiel. On a réalisé par exemple un étage entier au Palais de la Plage, un appartement au 21 Princesse Grace, 3 appartements dans les 2 ans au Park Palace… En ce moment, nous travaillons sur la rénovation d’une villa à Roquebrune. C’est amusant car c’est une maison que mon père avait fait y a 20 ans… Le client a acheté le bien et nous a fait construire un étage supplémentaire en-dessous. Sur ce genre de projet, on collabore avec un architecte et un ingénieur.
Concrètement, quelle est la différence entre un architecte d’intérieur et un décorateur?
Un architecte d’intérieur aménage l’espace et le cadre de vie, il optimise la gestion des volumes, la lumière. Et le décorateur vient habiller ces volumes. Mais que les choses soient claires: un architecte d’intérieur peut être décorateur; en revanche, s’il n’a pas la formation, un déco-rateur ne peut pas être architecte d’intérieur.
Combien d’architectes d’intérieur y a-t-il à Monaco?
C’est difficile à dire car notre métier n’est pas reconnu à Monaco. Il n’y a pas de cadre juridique pour les architectes d’intérieur en Prin-cipauté. On réfléchit d’ailleurs à créer une association pour élaborer une proposition de charte qui pourrait servir de piste de réflexion au gouvernement pour un projet de loi. Aujourd’hui, seule la profession d’architecte est protégée par la loi et peut assumer certaines missions essentielles (appels d’offre, dépôt de permis, suivi de chantier). De plus, certaines entreprises générales de bâtiment proposent des services d’architecte d’intérieur. On a récupéré deux chantiers qui étaient dans un état scandaleux. Ça dévalorise notre métier!
Vous avez beaucoup de demandes?
C’est le rush en ce moment. Dans le monde de la décoration, la période allant de mars à juillet est très intense. Les commandes sont passées en mars-avril pour être livrées avant les vacances. Les gens veulent arriver dans leurs villas aménagées pour l’été.
Quel est le profil de votre clientèle?
C’est une clientèle à 75% étrangère vivant à Monaco ou dans les communes limitrophes. Il y a beaucoup d’Allemands, d’Anglais (sur-tout depuis le Brexit), d’Italiens. Depuis la crise du Covid, je n’ai pas vu beaucoup de Russes, hormis les familles résidentes. En revanche, j’ai l’impression de voir revenir les Américains; cela se confirmera si l’Euro reste bas et que les Russes s’en vont à Dubaï et en Turquie. Peut-être même que les Ukrainiens viendront s’installer… Finalement, on va peut-être se retrouver dans une configuration des années 1990. Par ailleurs, je vends également à du B to B, à des architectes et des architectes d’intérieur comme Humbert & Poyet.
Quelles sont les tendances 2022?
Aujourd’hui, les clients sont très influencés par les réseaux sociaux. J’ai par exemple un couple d’influenceurs qui s’installent à la Tour Odéon et qui veulent un style Fluffy, toutes les marques ont ces canapés ou ces fauteuils en blanc ou ivoire cassé moumoutés…. On rentre dans du fast design, les goûts sont de plus en plus stéréotypés. Notre ambition est de montrer aussi ce qu’on fait. Garbarino a une histoire, un ADN, un design. Architecte de formation, mon père Adriano Garbarino est arrivé à Monaco il y a 40 ans, la fleur au fusil, et a créé sa collection de tapis et de mobilier. Mon père a tapissé le monde entier de 1995 à 2005 au travers de Roche Bobois, qui avait intégré ses tapis à son catalogue. On a une élégance que les autres n’ont pas. Un style mini-maliste, naturel, japonisant et zen.
Comment qualifiez-vous le style Garbarino?
On est italien, mais notre style est très influencé par le Japon, par affinité esthétique et par amour de l’élégance, de la pureté des formes, de la philosophie less is more. Les asiatiques savent se saisir de la matière première et la transformer sans l’altérer. Or, le travail du designer, c’est de faire vivre deux histoires ensemble. On est des alchimistes, on ne crée pas, on transforme. Garbarino veut proposer des matériaux que les autres n’utilisent pas… Notre spécialité, c’est le sur-mesure. Je travaille avec des menuisiers de confiance qui exécutent les plans que je réalise. Ce sont des prestataires de confiance avec qui on travaille depuis 15 ans, à 90% italiens. On vend le made in Italy. Il n’y a pas mieux sur le plan de la qualité, du prix et du savoir-faire. Si dans la haute couture, la France est meilleure, dans le design et le mobilier c’est incontestablement l’Italie…
Il faut compter quel budget pour une rénovation?
Pour un projet de rénovation complète (où l’on refait tout – cloisons, électricité, sols, parquets, fenêtres, etc.), il faut compter entre 5 et 8 000 euros le m2. Et pour un projet de décoration, entre 1 500 et 3 000 euros le m2. Les prix peuvent passer du simple au double en fonction des matériaux choisis et des finitions. Un meuble peut être confectionné avec du cuir ou du papier peint et le prix sera radicale-ment différent. Par exemple, un canapé en nubuck peut valoir 45 000 euros et en tissu 30 000…
Propos recueillis par Miléna RADOMAN