Invité par le MEB et ses partenaires1, Jean-Christophe Caffet, économiste en chef de Coface, a livré en mars ses prévisions pour les mois à venir.
« On a échappé au pire mais le meilleur n’est pas pour tout de suite ! » Face à un parterre de 80 chefs d’entreprises et officiels venus l’écouter, l’économiste en chef de la COFACE Jean-Chris-tophe Caffet sait pertinemment que depuis l’invasion russe en Ukraine en 2022, le contexte international reste incertain. Pour cet ancien de TotalEnergies, la crise énergétique n’est pas encore derrière nous. Si les prix sont revenus à des niveaux d’avant-guerre, grâce notamment à un hiver particulièrement doux et à une moindre consommation, le rebond économique de la Chine après sa politique désastreuse face au Covid et l’incertitude de l’approvisionnement en gaz pourraient changer la donne. Autre inquiétude : l’investissement très insuffisant de la part des ac-teurs du secteur. « Actuellement, selon l’agence internationale de l’énergie, les investissements consentis ne couvrent que la moitié des besoins à venir d’ici à 2030 ».
Quant à l’inflation, elle a connu une légère baisse mais reste très préoccupante alors que les prévisions de croissance de PIB sont globalement faibles, ce qui pourrait entraîner une situation de stagflation. Les grands producteurs de matières premières tels que l’Afrique, le Brésil ou le Moyen-Orient tirent leur épingle du jeu mais aussi, dans une moindre mesure, certains pays comme l’Inde ou le Japon. Les actions des banques centrales pour contenir l’inflation par une politique de resserrement depuis un an devraient commencer à se faire sentir avec une baisse de la consommation et des investissements. Les faillites, quant à elles, s’accélèrent avec la transformation du « quoi qu’il en coûte pour soutenir l’économie” à “quoi qu’il en coûte pour juguler l’inflation”. L’économiste propose trois scénarios sur les prochains mois : le premier, considéré comme peu probable, prévoit un atterrissage en douceur avec une inflation maîtrisée et une croissance positive ; le second, qui a les faveurs de Coface, anticipe une poursuite de la stagflation ; enfin le troisième, plus pessimiste (mais avec 30% de probabilité de réalisation selon Coface) envisage une récession, provoquée par une action trop poussée des banques centrales pour contrer l’inflation, ce qui nuirait gravement à la croissance mondiale.
Les fameuses notations émises par Coface – Risques pays, Risques par secteurs d’activités et Risques politiques et sociaux – indiquent quant à elles un risque plus élevé dans presque toutes les régions du monde. « Si des tendances se dessinent au global, la situation actuelle se caractérise par une grande hétérogénéité d’un pays à l’autre, il est donc nécessaire de regarder en détail chaque destination envisagée pour ses investissements », précise Jean-Christophe Caffet.
- Gramaglia et Banque Populaire Méditerranée
Milena RADOMAN