Crise du Covid, avenir du commerce en Principauté … Le nouveau Président de l’Union des Commerçants et Artisans de Monaco, Alexandre Pasta1, veut conquérir une clientèle locale et de touristes.
« Nous représentons 5% du PIB et 2 400 salariés. Notre voix est écoutée dans différentes institutions comme à la FEDEM et nous sommes l’un des interlocuteurs du gouvernement et de la mairie. Or, nous comptons aujourd’hui à peine 150 adhérents pour 800 points de vente à Monaco. » Alexandre Pasta, qui a pris les rênes de l’Union des Commerçants et Artisans de Monaco (UCAM) en 2021, est bien décidé à faire grossir les rangs de l’association. Une campagne de promotion sera organisée « dès que possible pour faire comprendre le but de l’association: défendre le commerce de rue».
Difficile de réunir les troupes de commerçants dans cette période de crise sanitaire qui perdure … Une crise qui a tout particulièrement impacté le secteur pendant le confinement de 2020. Après un moment «catastrophique» pour tous les professionnels, le patron de Riviera Diffusion veut rester optimiste. « Le Grand Prix 2021 a remotivé les troupes. Nous avons observé un redémarrage de l’activité. C’est reparti même en l’absence de touristes internationaux. Mais les commerces et hôtels qui fonctionnent avec les touristes étrangers sont à 40% de leur chiffre d’affaires … Cela ne suffit pas pour se refaire une trésorerie et passer le cap de l’hiver. Les commerçants sont inquiets. Seul le secteur luxe du Carré d’Or s’en tire mieux que les autres quartiers de Monaco chez qui la clientèle touristique fait défaut. » Le télétravail a fait du mal.« Pour un commerçant, c’est autant de clientèle en moins. » Point positif de la crise et des mesures étatiques de relance: le développement de l’application Carlo, poussé par le Fonds rouge et blanc. « Carlo a été un booster très intéressant pour les commerces, cela a permis de contribuer à l’économie locale. Les pendulaires ont un intérêt à dépenser leur argent en Principauté», estime le président de l’UCAM. Les consommateurs reçoivent en effet 5% en cashback sur chacun de leurs achats effectués à Monaco. Et l’Etat prend en charge les frais de cashback des commerçants, jusqu’au 31 mars 2022. Cette année encore, les primes aux fonctionnaires et aux employés du CHPG (soit 6,5 millions d’euros) ont été payés en bons cadeaux utilisables sur Carlo. Le secteur privé a suivi le mouvement. « 25 entreprises monégasques comme la SBM, la Barclays, UBS … ont adopté cette politique, avec un impact favorable sur l’économie locale», précise quant à lui Antoine Bahri, fondateur de Carlo, qui compte aujourd’hui plus de 375 commerces toutes catégories et 28.000 utilisateurs inscrits. Le modèle de cash back développé par l’entreprise monégasque incubée à Monaco Tech a d’ailleurs été dupliqué dans d’autres villes de taille moyenne. Après Monaco ville pilote, le produit est déjà déployé à Valladolid depuis octobre (avec une trentaine de commerces partenaires), bientôt à Gdynia (en Pologne) et en projet à Malaga.
Une nouvelle cible pour Carlo : les croisiéristes
« Le gouvernement a reconduit le soutien à l’application pour 2022. C’est une excellente chose», commente Alexandre Pasta, favorable au développement de Carlo pour les croisiéristes. « Les touristes arrivant à Monaco téléchargeraient l’application seraient ainsi incités à dépenser durant leur séjour. » Si le fondateur de Carlo pense déjà à négocier la possibilité de promouvoir ses offres, en vendant par exemple des bons cadeaux au sein des bateaux de croisière, ce n’est pas le moment idéal. Covid oblige, les croisières sont à l’arrêt en Principauté. Il a été décidé que Monaco n’accueillera que des navires mesurant jusqu’à 250 mètres et de capacité inférieure ou égale à 1 250 passagers. « Les croisiéristes doivent prendre le virage environnemental que le réchauffement climatique impose, sinon ils vont disparaître … Il y a une volonté de limiter ces mastodontes. A Venise, par exemple, ceux-ci ne sont plus les bienvenus. On n’a plus envie de voir leurs cheminées cracher de la fumée noire au large de Monaco. Si nous avons toujours défendu les croisières en Principauté, nous avons conscience que les navires ne doivent plus polluer et générer des nuisances visuelles. »
Pour une liaison en téléphérique
Pour dessiner l’avenir du commerce en principauté, l’UCAM participe notamment à l’Observatoire du commerce. « On travaille sur du court et moyen terme. Par exemple sur les projets d’extension du centre commercial de Fontvieille, de mise en place d’un cinéma multiplex, de multiplication de commerces de proximité … Nous nous sommes prononcés en faveur d’une liaison par téléphérique qui permettrait aux gens de se garer au Jardin Exotique pour descendre à Fontvieille en quelques minutes et rejoindre Monaco-Ville», explique Alexandre Pasta, dont l’objectif est de doper l’attractivité des commerces du Rocher. « Les pendulaires ne montent plus sur le Rocher pour consommer. lis le feront si l’accès est facilité. » Autre raison:« Le téléphérique donnerait une image moderne de Monaco dans le monde, illustrant la volonté politique de la Principauté de favoriser les modes de déplacement écologiques », souligne le président de l’UCAM, favorable également à l’alternative d’une liaison par ascenseur entre la Condamine et Monaco-Ville.
En attendant une telle décision politique, qui n’est toujours pas arrêtée, l’UCAM poursuit ses actions pour dynamiser le commerce, telles sa braderie (organisée en décembre), qui permet aux boutiques de liquider leurs stocks et de générer de la trésorerie. l’.association regarde attentivement l’impact des opérations Revivez vos quartiers du Fonds Rouge et Blanc mis en place par le gouvernement afin de soutenir la relance économique. Cette mesure finançant ateliers créatifs, musiciens, chasses au trésor et animations diverses vise à dynamiser le secteur évènementiel et le commerce de détail en Principauté en finançant l’organisation d’évènements réalisés par des prestataires monégasques au cœur des quartiers commerçants.
- Membre depuis 25 ans de l’organisation, Alexandre Pasta représentait les commerçants de Monaco-Ville. Il a repris le flambeau quand Nicolas Matite-Narmino a quitté la présidence et après un passage éclair de Clément Ferry. Les prochaines élections à l’UCAM auront lieu en mars.
50 000 autotests
Pour casser rapidement les chaines de contamination du secteru privé après les fêtes 50 000 autotests ont été mis à disposition gratuitement par l’Etat monégasque. L’UCAM s’est fait logiquement le relais de cette mesure dont le but est de s’assurer que les personnes positives soient rapidement détectées et directement prises en charge.
Les employeurs ont pu s’approvisionner en autotests commandés pour les salariés via un téléservice.
Milena RADOMAN