Pour éviter qu’une large partie de la planète devienne inhabitable, l’humanité n’a donc pas d’autre choix: elle doit réduire les émissions de CO2. Comment ? La « révolution verte » passe aujourd’hui par la transition énergétique.
« 15.364 scientifiques de 185 pays ont signé un appel en forme d’alertepour dire que c’était le dernier avertissement. En clair, si on ne change pas maintenant, c’est foutu. Nous sommes à la fin de l’Anthropocène », lançait le philosophe Bernard Stiegler en 2018. De Dennis Meadows et son Rapport sur les limites de la croissance (1972) — annonçant un
possible effondrement de l’économie mondiale à l’horizon 2030 — aux théoriciens de la collapsologie, l’impact des émissions de gaz à effet de serre créées par l’homme a été dénoncé en large et en travers. Le projet de rapport du GIEC, dévoilé en juin, franchit un cap supplémentaire. Selon les experts du climat de l’ONU, la Terre deviendrait invivable avant même 2050. Pénurie d’eau, exode, malnutrition, extinction d’espèces…
Dépasser le seuil de 1,5 °C de hausse des températures (par rapport à l’ère préindustrielle) entrainerait « progressivement, des conséquences graves,pendant des siècles, et parfois irréversibles ». Or selon l’Organisation
météorologique mondiale, la probabilité que ce seuil de 1,5 °C sur une année soit dépassé dès 2025 – c’est-à-dire demain – est déjà de 40 %…
Révolution verte
Pour éviter qu’une large partie de la planète devienne inhabitable et que la maison brûle, l’humanité n’a donc pas d’autre choix : elle doit réduire les émissions de CO2. Comment ? A travers la planète, la « révolution verte » passe aujourd’hui par la transition énergétique. Y compris à Monaco. Le Prince Albert II a fixé un nouvel objectif de réduction des émissions de GES1 de Monaco à -55% d’ici à 2030 et mise sur la transition écologique pour « atteindre ces objectifs ambitieux. » Cette transition met du temps à se mettre en marche car depuis la révolution industrielle, l’économie mondiale repose sur les énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz naturel). L’énergie est au coeur de notre système de croissance mondiale, basé sur un mode industriel et consumériste. Transports, chaines d’approvisionnement, agriculture industrielle, chauffage, réseaux Internet… Deux-tiers de la croissance qui a porté les Trente glorieuses s’est fait par la combustion d’énergies fossiles, et chaque jour le monde consomme plus de 95 millions de barils d’or noir. Sauf en 2020, où elle a connu une chute historique, pandémie oblige. Autre facteur qui complexifie la transition vers des énergies plus vertes : l’omniprésence du pétrole dans la composition et la fabrication des biens de consommation les plus courants. Le pétrole est partout : radios, shampoing, lentilles de contact, tissus, chaussures, automobiles ou encore balles de tennis…
De multiples freins
Les énergies vertes peuvent-elles pour autant remplacer complètement ces énergies polluantes ? Les énergies renouvelables puisent dans les sources d’énergie naturelles comme le rayonnement solaire pour les panneaux photovoltaïques, les vents pour le système éolien, le mouvement des vagues avec la chaine flottante articulée, les flux de chaleur interne de la Terre… On leur oppose aujourd’hui leur manque de rentabilité en raison des aléas climatiques, leurs défauts esthétiques et surtout la rareté des métaux qui les composent. Selon les experts, dans un monde de voitures électriques, la demande en lithium serait multipliée par 30, celle de cobalt par 20. Or pour se procurer ces métaux (l’indium pour les cellules photovoltaïques, l’argent pour les éoliennes, le lithium pour les batteries) il va falloir creuser bientôt davantage et plus profond. Et plus on creuse, plus on dépense d’énergie. Bref, aucune énergie n’est propre à 100%…
Reste qu’à ce jour, les énergies renouvelables demeurent les moins polluantes en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Les réserves des énergies fossiles s’épuisant, la transition vers le renouvelable est donc inévitable. Impliquant de trouver des solutions pour optimiser le stockage de cette énergie, une gestion efficiente des flux ou encore le recyclage des matériaux utilisés.
Le monde ne peut néanmoins faire l’économie de repenser notre modèle économique pour développer des industries moins énergivores et réduire notre production industrielle. Ou encore initier d’urgence des alternatives aux voitures individuelles. « Nous avons besoin d’une transformation radicale des processus et des comportements à tous les niveaux : individus, communautés, entreprises, institutions et gouvernement », avertissent les experts du GIEC.