Les énergies renouvelables et en particulier celles issues de la mer constituent un levier important de décarbonation de l’énergie consommée à Monaco.
Pompes à chaleur : Monaco pionnier
« La Principauté est leader dans le domaine de la valorisation énergétique de la mer. On récupère l’énergie calorifique de la Méditerranée pour chauffer et climatiser les bâtiments, ou encore produire de l’eau chaude sanitaire. Ce système a même inspiré la mise en place du réseau urbain sur le port de Marseille », explique Christian Philippon, Directeur des activités de chaud et froid urbains à la SMEG.
A Monaco, la première pompe à chaleur sur eau de mer a été installée au stade nautique Rainier III en 1963. « Cette technologie, déjà novatrice à l’époque, a beaucoup évolué, laissant place à des installations de plus en plus performantes sur le plan énergétique. » En effet, tout en étant reliée à l’usine de valorisation des déchets pour une utilisation optimale de sa vapeur1, la Centrale de production de chaleur et de froid de Fontvieille est également connectée à une station de pompage eau de mer souterraine située à côté de l’héliport. « Ce puisage d’eau de mer
à 110m de profondeur, permet de climatiser les immeubles raccordés de manière durable et écologique. Dès 2013, il a permis la suppression de tours de refroidissement qui fonctionnaient avec de l’eau portable (100.000 m3 par an soit 33 piscines olympiques) et a fortement réduit les consommations d’électricité. Cela préserve les ressources naturelles. »
Après Fontvieille, quartier précurseur, le Larvotto et la Condamine sont également alimentés depuis quelques mois par des boucles thalassothermiques. Sous la même marque commerciale « seaWergie », ces dernières font l’objet d’une concession spécifique qui regroupe l’expertise de trois entreprises monégasques2. « Monaco pourra ainsi compter, après la première grande phase de travaux qui va encore durer environ deux ans, sur une production locale supplémentaire d’environ 35 GWh d’énergie décarbonée, soit une réduction de 6025 tonnes de CO2, au bénéfice de 3500 logements. On double la mise par rapport à Fontvieille ! » se réjouit Christian Philippon. A l’horizon 2023, grâce à ces deux nouveaux réseaux, Monaco pourra réduire de 7 % ses émissions de gaz à effet de serre. Ce printemps, un premier bâtiment a été raccordé à la Condamine, rejoint début juillet par les commerçants des plages du Larvotto qui sont parmi les premiers bénéficiaires de ce réseau vert…
100% d’électricité verte en 2030
L’objectif est ambitieux : dès 2030, Monaco souhaite fournir une électricité à 100% verte, pour l’ensemble des besoins de son territoire. « Aujourd’hui, 75% de l’électricité approvisionnée en Principauté est d’origine renouvelable contre 25% d’énergie dite classique (issue en majorité du nucléaire). On achète cette énergie verte à des producteurs français,
principalement des centrales hydrauliques de la région. », explique Pierfranck Pelacchi, directeur commercial de la SMEG.
Fin 2017, l’Etat monégasque et la SMEG ont créé la société Monaco Energie Renouvelable (MER). Sa mission : rechercher les opportunités d’investissement et de développement dans des projets de production d’énergies renouvelables en France. « Jusqu’à présent, nous sommes dans une situation équivalente à des locataires vis-à-vis de l’électricité hydraulique que nous achetons. L’objectif est de devenir propriétaire de nos propres parcs photovoltaïques et éoliens. Aujourd’hui, et après seulement quatre ans d’existence, MER possède déjà des actifs solaires et éoliens capables de couvrir 23% de la consommation du pays. L’atteinte des 100% est une question d’autonomie et d’indépendance énergétique. Nous maîtriserons à la fois la production de notre électricité renouvelable ainsi que son coût. Ce qui représente une sécurité pour le consommateur monégasque, qui sera beaucoup moins exposé à la volatilité du prix de l’énergie… » analyse Pierfranck Pelacchi.
Quel est l’impact sur le portefeuille du consommateur ? « Les résidents et petits professionnels (inférieurs à 36 kVA) bénéficient dans leur «tarif go » d’électricité verte sans surcoût. Pour les grands comptes, les volumes sont plus significatifs et l’adhésion à notre offre « egeo » d’électricité renouvelable reste une démarche volontaire qui s’inscrit
dans un engagement environnemental de ces clients. Il reste encore 25% d’entre eux à convaincre… » ajoute Pierfranck Pelacchi.