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Ordre Mondial nouveaux équilibres

Ordre mondial : vers de nouveaux équilibres

La poursuite de la guerre russo-ukrainienne, avec ses impacts sur le marché des matières premières et les flux financiers, fait apparaître une tendance à la redistribution des cartes parmi les pays dont dépend essentiellement l’ordre mondial.

« En tout cas, une envie forte de changer la donne apparaît parmi ceux dont la force montante leur fait estimer que, désormais, leurs voix doivent être beaucoup mieux écoutées comme l’est celle de la Chine, depuis plusieurs années, tant sur le plan économique que dans le domaine géopolitique » observe Paolo Di Gaeta, spécialiste des questions de finances internationales.
De fait, voilà que le Brésil demande à régler en yuan, et non plus avec des dollars, des achats qu’elle fait à la Chine. Voici que l’Arabie Saoudite appelle les membres de l’OPEP à réduire l’extraction de pétrole pour en soutenir le prix alors que les Etats-Unis demandent, en vain, le contraire depuis des mois et des mois. Pendant ce temps, l’Afrique du Sud invite un bâtiment de la flotte chinoise à prendre part à ses dernières manœuvres navales tandis que le représentant de l’Inde auprès de l’ONU, à l’instar de celui du gouvernement de Pékin, s’abstient lors des votes pour condamner l’agression russe contre l’Ukraine et décider de sanctions contre Moscou. Doit-on, pour autant, en conclure que la planète tournera bientôt sur un tout autre rythme ? « Pas pendant la prochaine décennie » répond Paolo Di Gaeta. « Le dollar, dont la valeur est appuyée sur la force économique et militaire américaine, restera encore pour plusieurs années la seule véritable monnaie internationale d’échange universellement admise pour les marchés de l’énergie, des matières premières et les productions des industries de pointe (aéronautique, armement, etc.). Toutefois, prenons garde car un mouvement de bascule est enclenché. D’autant qu’un nouveau géant indocile s’annonce, l’Inde, et que des puissances émergentes (Brésil, Afrique du Sud par exemple pour ne citer que celles-ci) ne cessent de se rapprocher de la Chine et de tisser des liens avec elle dans l’espoir de peser plus lourdement rapidement ».


Une période déterminante pour l’Union européenne
Mais si la prééminence américaine semble encore assurée à terme, le statut de l’Union Européenne dans le concert planétaire est, en revanche, sujet à caution.
« Contrairement aux Etats-Unis, l’UE n’a pas de défense commune, et ses pays ne suivent pas vraiment une même politique budgétaire même s’ils ont en partage quelques règles. En outre, son processus de prise de décision majeure est encore régi par la règle du vote à l’unanimité de ses membres. A cet égard, le conflit russo-ukrainien a jeté une lumière très crue sur la difficulté de l’UE à fournir des répliques simultanées et homogènes ainsi que sur les limites de la capacité de production et des stocks de son industrie d‘armement, surtout si on fait la comparaison avec ce dont sont capables les Américains à cet égard. »
Ardent militant d’une création des « Etats-Unis d’Europe », Paolo Di Gaeta souhaite donc que 2024, année d’élections pour le Parlement euro-péen, soit un millésime refondateur. « Compte tenu des menaces militaires et des signes de nouvelles donnes dans les grands équilibres mondiaux, notre « vieux continent » ne doit pas manquer l’occasion de changer sa gouvernance et de se fédéraliser davantage pour se rendre plus fort, s’il souhaite que sa voix continue à porter sur le plan international. Raison pour laquelle, d’ailleurs, il faut que la contribution de l’UE par rapport à celle des Etats-Unis, au budget de l’OTAN soit réévaluée pour atteindre

le niveau que doit générer un ensemble de 500 millions d’habitants ».
Reste que le très lourd niveau d’endettement public de plusieurs membres de l’UE constitue un énorme frein aux besoins de redéploiement des politiques de celle-ci, d’autant que le combat pour endiguer le dérèglement climatique et pallier ses conséquences est, et sera, forcément synonyme d’une intense mobilisation financière. « Raison de plus pour que la gouvernance de l’UE qui sera issue des élections européennes de 2024 pousse à l’établissement d’une autre comptabilité publique, laquelle ne placera pas au passif des États, les levées de fonds nécessaires à la préservation de l’environne-ment car il ne s’agit pas ici de dépenses mais d’investissements. Évidemment, il faudra en garantir les remboursements mais par des emprunts sur du très long terme, voués à une utilisation nettement fléchée et cautionnés par des signatures supranationales. »

Paolo DI GAETA

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