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IUM :«Le diplôme n’est pas une fin mais un point de départ »

La révolution technologique actuelle a un impact sur l’enseignement supérieur et bouleverse les pratiques pédagogiques. « Un établissement ne peut plus proposer de formation initiale sans faire de formation continue », estime Jean-Philippe Muller, Directeur de l’International University of Monaco.

Le marché du travail évolue et certains métiers émergent. Comment adaptez-vous votre offre de formation pour coller à la réalité du marché du travail ?

Une fois par an, je rencontre plusieurs DRH pour discuter des grandes évolutions du marché et en tirer les conséquences pour nos formations. Nous réunissons également un conseil formé d’experts, notamment de nos enseignants, pour mettre à jour nos programmes. Pour nous, l’enjeu est d’accompagner ces transformations.

L’impact de l’intelligence artificielle et de la robotique est énorme. Aujourd’hui, on estime que 80% d’une mission peut être remplacée par l’IA… Il est crucial d’identifier les 20 % restants, qui échappent à l’IA mais relèvent des compétences analytiques. Il s’agit des compétences tacites, des qualités humaines irremplaçables et qui deviennent essentielles : l’empathie, la résilience ou encore la capacité d’adaptation. Par exemple, un centre commercial qui avait du mal à recruter des commerciaux avait testé à ce poste ses caissières. Elles s’étaient révélées des commerciaux très efficaces !

Comment accompagnez-vous ces transformations justement ?

Aujourd’hui, un établissement ne peut plus proposer de formation initiale sans faire de formation continue. C’est un changement de culture : le diplôme n’est pas une fin mais un point de départ. Nous proposons déjà à nos diplômés des mises à niveaux régulières et des certificats en ligne sur les nouveautés qui apparaissent après leur diplôme sur la blockchain ou l’IA, par exemple. En plus des certifications professionnelles pour la place bancaire, nous voulons également proposer aux professionnels des capsules ou short certificate de 12 à 15h. Les entreprises ne peuvent plus se permettre de laisser un collaborateur faire un MBA pendant un an. Le principe est d’additionner des acquisitions de compétences, comme un système de badge.

Autre conséquence de ces transformations : c’est désormais un risque de créer une nouvelle formation de 5 ans. Ça va tellement vite… A peine ouvertes, des dizaines d’écoles d’influenceurs ferment en Chine… On souhaitait créer un diplôme de compliance officer. On va attendre.

Le monde bouge et l’enseignement supérieur est soumis à un défi inédit en raison de progrès technologiques incessants conduisant à un processus de production destructrice.


Vous voyez passer entre vos murs des centaines d’étudiants chaque année. 4 000 étudiants ont été diplômés depuis la création de l’école en 1986 et vous comptez 300 lauréats par an. Les envies de ces jeunes ont-elles changé par rapport au marché du travail ?

Beaucoup d’étudiants sont intéressés par l’entreprenariat. On est loin de l’époque où les étudiants d’école de commerce souhaitaient être chefs de produit ou auditeurs ! Aujourd’hui, ils veulent être startuppers. D’ailleurs 15 à 20% des diplômés de l’IUM ont créé leur business. Il est visible dans nos promotions qu’ils ont souvent le désir de changer, ne restent pas immobiles et sont motivés par des projets innovants. Dans le programme de Sport Management, le Grand Prix électrique leur parle énormément.



Vous parlent-ils plus d’écologie, de quête de sens ? Avez-vous fait des sondages/statistiques sur leurs motivations ?

Chaque étudiant participe à un projet à impact positif, humanitaire ou pour la préservation du climat. Le message est qu’on ne réussit pas dans la vie s’il n’y a pas d’impact positif. L’IUM organise également chaque année des challenges avec les écoles du monde entier. Les élèves proposent des concepts commerciaux ayant du sens. Le projet d’un étudiant m’a marqué : Il était question d’une prothèse orthopédique design, à la mode et portée comme un accessoire de mode. C’est révélateur d’un business inclusif.

Quels sont leurs critères pour intégrer une société ? Pour les RH, le travail à distance est un nouveau levier pour attirer et fidéliser ces talents de la génération Z.

Les jeunes attendent avant tout de la liberté dans l’entreprise, de la qualité de vie, de la flexibilité. Deux critères traditionnels ont volé en éclat : la perspective de carrière et la rémunération. Du moins pour les jeunes qui sortent de l’école, après ça change…Ils souhaitent de l’autonomie, avoir des responsabilités tout de suite même sur un petit projet.

C’est un enjeu pour les RH. Dans une entreprise coexistent différentes générations. Le problème est que ces mondes n’ont pas les mêmes codes de management, n’ont pas travaillé sur les mêmes outils numériques, et ne partagent même pas des réseaux sociaux identiques (Facebook pour les plus vieux, TikTok pour les plus jeunes)… C’est pourquoi l’école doit leur apprendre, au-delà des contenus pédagogiques, les interactions sociales, à travailler sur des projets collectifs, à vivre ensemble.

Combien d’anciens de l’IUM travaillent aujourd’hui à Monaco ?
50% de nos étudiants font un stage à Monaco. 540 alumni y travaillent, principalement dans les domaines de la finance et du yachting. 32 anciens ont créé 41 sociétés en Principauté. L’IUM a des formations qui correspondent à l’expertise reconnue mondialement à Monaco comme le private banking ou le sport business management. Ça a du sens et c’est pourquoi on a des étudiants de plus de 70 nationalités.

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