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Interview Christian Estrosi « Un véritable RER régional » entre Cannes et Menton

Métro, ligne nouvelle PACA, navette maritime, trémie… Le Maire de Nice et Président de la Métropole Nice Côte d’Azur Christian Estrosi donne l’état d’avancement de chaque solution de mobilité.

Métro

Où en est le projet de métro en partie enterrée entre la Métropole Nice Côte d’Azur et Monaco, avec une ligne sur 9,5 kilomètres ? Des études de faisabilité ont-elles été réalisées côté Métropole ? Quel serait son tracé ?

Depuis 2008, nous avons planifié à l’échelle de la Métropole un schéma des transports à l’horizon 2030, avec un double objectif : diminuer les flux de circulation automobile et améliorer la qualité de l’air. Les déplacements entre la Métropole Nice Côte d’Azur et Monaco sont un sujet de préoccupation et nous travaillons sur toutes les pistes, parmi lesquelles l’idée d’une ligne à haute fréquence, pourquoi pas sous la forme d’un métro entre Nice et Monaco avec des parties aériennes et souterraines.

Comme il s’agit d’un dossier d’Etat à Etat, les études de faisabilité, le dévoilement d’un tracé et l’impulsion ne peuvent venir que de la France et de Monaco. Quant à moi, je suis évidemment favorable à la réalisation de ce projet, comme j’ai eu l’occasion de le dire à M. le Ministre d’État, Pierre Dartout, et à l’ancienne Première Ministre, Elisabeth Borne ; et comme j’ai l’occasion de le répéter à chaque fois que je le peux. Ce serait une immense avancée.

Pour l’heure, Monaco semble miser sur la création d’un parking de dissuasion à la Brasca, qui pourrait accueillir une gare pour une liaison express vers la Principauté. Comment se positionne la Métropole sur ce projet ? Avez-vous fait des études de faisabilité ? Serait-ce la première étape d’un métro vers Nice ?

Un tel parking sera de toute façon utile pour alléger les flux de circulation à Monaco et sur notre réseau métropolitain, surtout s’il intègre une plate-forme logistique du dernier kilomètre. Évidemment, ce projet porté par l’État monégasque a tout mon soutien.

Voirie

Comment avance le projet de création d’une trémie sur la moyenne corniche, à Cap d’Ail, compte tenu de l’opposition du Maire Xavier Beck ? D’autres projets pourraient-ils selon vous désengorger le trafic entre Nice et Monaco ?

Le flot incessant de véhicules sur la RM 6007 oblige à prendre des décisions. Ce sont plus de 30 000 véhicules qui transitent chaque jour sur cette route ; et ce flux risque d’augmenter encore. Les infrastructures actuelles ne suffiront pas.

Nous travaillons tous de concert, avec la Principauté et les acteurs institutionnels associés, pour mettre en place des solutions, comme récemment, avec la création du nouvel échangeur autoroutier de Beausoleil mis en service par ESCOTA.

De notre côté, nous avançons sur plusieurs aménagements à Cap d’Ail, dont la création d’une trémie sur la moyenne corniche ou encore les études en vue de l’élargissement du giratoire de l’hôpital et dans la continuité le boulevard du Jardin Exotique pour absorber le trafic induit sans rupture de capacité. Autant de projets qui visent à répondre à l’augmentation du trafic, pour éviter bouchons et ralentissements qui sont très pénibles pour les usagers ; et nuisent fortement à la qualité de l’air. Aux heures de pointe, lorsque le carrefour de Gaulle est saturé, on en vient souvent à devoir fermer le tunnel Rainier III pour des raisons de sécurité, ce qui aggrave encore le problème.

Train

Pour le Vice-Président de la région PACA Jean-Pierre Serrus, la ligne nouvelle en Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui devrait voir sa mise en service partielle débuter à partir de 2026, est « le chantier ferroviaire du siècle ». Partagez-vous cette opinion ? Qu’en attendez-vous ? De l’autre côté du département, où en est votre projet de RER qui permettrait de relier Nice à la technopole Sophia Antipolis, en passant par Villeneuve-Loubet et Antibes ?

Dès mon élection en tant que Président de Région, fin 2015, j’ai tenu à améliorer l’offre de TER pour qu’il devienne une véritable alternative à la voiture. Nous avions hérité d’un réseau qui n’était pas à la hauteur des besoins, avec 20% de trains en retard et 10% de trains annulés, chaque jour. Aujourd’hui, même si c’est loin d’être parfait, la situation s’est nettement améliorée ; et ce sera encore mieux demain, puisque nous allons doubler l’offre d’ici 2025 avec l’ouverture à la concurrence.

La « ligne nouvelle » devrait aussi aider à améliorer les choses. Après des années de retrait, où on fermait des lignes et des gares, l’annonce d’une nouvelle ligne est une vraie bonne nouvelle.

Au total, nous devrions pouvoir passer des 69 allers/retours par jour qui sont proposés aujourd’hui à 120 allers/retours par jour en 2025, pour un total quotidien de 70 000 voyageurs. Sur l’axe Cannes-Menton, le cadencement sera identique en heure creuse et en heure de pointe avec un train tous les quarts d’heure toute la journée : un véritable RER régional.

De notre côté, nous avons déjà bien avancé pour fluidifier le trafic ferroviaire et nous avançons aussi sur les infrastructures. Depuis l’inauguration de la gare TER à l’aéroport de Nice en septembre 2022, il est désormais possible de passer très rapidement de l’avion au train pour rejoindre Monaco. Nous dénombrons déjà 6 500 usagers par jour contre 2 900 sur l’ancienne gare Nice Saint-Augustin, c’est plus de deux fois plus !

Et ce n’est que le début. Nous irons encore plus loin avec le futur Pôle d’échanges multimodal de Saint-Augustin qui accueillera à terme l’aéroport Nice Côte d’Azur, deuxième aéroport français, la nouvelle gare TER et TGV « Nice Aéroport », première gare bioclimatique d’Europe ! Elle rassemblera 3 lignes de tramway, la plus grande gare routière du département, desservie par des bus urbains comme interurbains, ainsi que des aménagements vélo.

Ce n’est pas la « ligne nouvelle » seule qui est le chantier ferroviaire du siècle, c’est tout cet ensemble de projets qui nous permet d’entrer pleinement dans le 21e siècle ferroviaire !

Comment s’articulera-t-elle avec le projet de ligne Gênes-Aéroport de Nice ? Avec Giovani Totti, Président de la Région Ligurie et Claudio Scajola, Maire d’Imperia, et Président de la province d’Imperia, vous aimeriez voir une ligne de train directe entre la future gare TGV « Nice aéroport » et Gênes. Quand ce projet verra-t-il le jour ? Pourrait-il bénéficier d’un financement de la France, voire de l’Union européenne ?

Avant tout, avec Imperia, Cuneo, et avec le soutien des métropoles de Gênes, Turin, la Communauté d’agglomération de la Riviera Française et la Principauté de Monaco, nous partageons les mêmes enjeux en termes de mobilité : la montagne d’un côté, la mer de l’autre et des millions de personnes à faire transiter entre les deux. Il est évident qu’un meilleur réseau ferroviaire améliorerait la situation. Je pense notamment à ces 30 km de voies ferrées en Ligurie qui ne fonctionnent que sur une seule voie, entre « Finale Ligure Marina » et « Andora », et qui oblige les trains à attendre que l’autre passe ces 30 kilomètres ; je pense aussi à la descente obligatoire à Vintimille qui oblige à monter dans un autre train lorsque l’on souhaite aller en Ligurie et notamment à Gênes depuis la France. Que de temps perdu !

Je le dis souvent : l’aéroport international de Gênes est à Nice et le port de commerce international de Nice est à Gênes. Afin de faciliter les déplacements entre ces deux évidences, nous avons besoin d’être soutenus, et notamment financièrement, par nos États comme par l’Union européenne. C’est tout le sens de l’alliance des Alpes du Sud que nous avons lancé le 8 février dernier à Imperia avec mon ami Claudio Scajola : porter d’une voix commune nos enjeux communs. Après tout, l’Union européenne nous aide déjà sur l’étoile Nice-Vintimille-Breil-Cuneo et sur la ligne Cannes-Antibes-Nice-Monaco-Menton-Vintimille ; il serait logique de pousser jusqu’à Gênes.

Navette maritime

Vous avez indiqué dans la presse qu’une mise en service d’une navette maritime « zéro émission » serait opérationnelle après 2026. Elle irait jusqu’à Vintimille et ferait escale à Monaco, faute de combattants ou plutôt de technologies au point ? Vous souhaitiez expérimenter des petits bateaux « décarbonés » avant le sommet des Nations unies pour l’océan, que Nice accueillera en juin 2025. Pouvez-vous préciser ce projet ? Vous avez une visibilité sur cette expérience ? Ou le projet est en stand-by ?

La liaison maritime est logiquement une piste essentielle de travail. Nous avons dû reconnaître que les navettes maritimes décarbonées ne permettent pas encore de garantir un service public régulier et fiable. La technologie n’est tout simplement pas assez développée. Nous sommes encore au stade de prototypes, et plutôt sur des fleuves ou des lacs.

On nous annonce des services de navettes électriques et hydrogènes en mer plutôt pour 2027, et d’ici là des phases de tests.

Il sera nécessaire que ce service offre une bonne régularité, un confort et de la rapidité, de manière à être attractif pour les usagers qui aujourd’hui empruntent le réseau routier. Nous serons aussi très attentifs aux tarifs proposés et à l’intermodalité avec notre réseau métropolitain de tramway, car c’est ce qui permet d’avoir une vraie fluidité.

Miléna Radoman

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