L’îlot Pasteur, l’une des dernières friches des délaissés SNCF, concentre 10 programmes sur 118 000 m2. Le coût prévisionnel des travaux était estimé à 341 millions d’euros.
« Il n’y a qu’à Monaco qu’on voit ça ! 10 programmes sont imbriqués sur une parcelle atypique de friche ferroviaire de 250 mètres de long par 30 mètres de large » s’enthousiasme l’architecte François Lallemand, chargé de cette urbanisation de 118 000 m2 de plancher avec Christian Curau. Cela fait désormais 11 ans que son cabinet Square a remporté le concours d’urbanisme et qu’il travaille sur ce projet pharaonique englobant un collège de 1 500 élèves, un amphithéâtre de 300 places, un gymnase, une piscine, une médiathèque, près de 8 000 m2 de bureaux, une salle polyvalente de 1 500 places (ayant la taille d’une piscine olympique !), un centre de collecte, de tri et de transfert des déchets urbains recyclés, un centre de tri postal, ou encore un parking de 900 places.
« Première construction mixte en structure béton et acier à Monaco »
Le chantier comporte de nombreuses spécificités techniques. « C’est la première fois qu’on fait une construction mixte en structure béton et acier à Monaco », poursuit François Lallemand. Cette structure en pont avec charpente métallique aura nécessité quatre grandes poutres treillis en métal pour chaque travée assurant le squelette de l’édifice. Soit autant de tonnes d’acier que la Tour Eiffel… Autre performance : « A certains moments, le chantier était une espèce de cathédrale incroyable. On a utilisé des solutions techniques up down : on construisait en haut pendant qu’on faisait en bas », raconte l’architecte, rappelant que la route passait à peu près à l’altitude de 22 mètres au niveau de la mer, on est descendu à moins 17 et on est remonté à +60… Il fallait en effet gagner du temps : après des travaux préparatoires, le chantier, qui a démarré en 2019, a subi quelques retards liés à des changements de programme et à un appel d’offres déclaré infructueux. La consultation a été élargie aux entreprises françaises et espagnoles, et c’est finalement l’entreprise Fayat qui a assuré ce chantier si particulier. Avec une contrainte de taille pour un gros œuvre en plein quartier industriel et d’affaires : éviter les nuisances. « On a mis en œuvre tout ce qu’on pouvait pour ne pas faire de bruit ni occasionner de gêne au voisinage, notamment en mettant en place des parois acoustiques de 6 mètres de haut ».
« Une modélisation intelligente du bâtiment »
Petite révolution technologique : les architectes chargés du projet et les partenaires de l’équipe de Maitrise d’œuvre ont mis en place une cellule de coproduction du modèle Building information modeling (Bim) en 3D. « On a été les premiers à travailler en Bim en Principauté sur une modélisation intelligente du bâtiment. On l’a construit numériquement avant de le bâtir en vrai », vulgarise François Lallemand, heureux de cette évolution du métier. « C’est une immense base de données qui permet aux architectes et ingénieurs de travailler sur la même maquette numérique. Par exemple, la maquette « fluides » intègre tout ce qui fait fonctionner le bâtiment (électricité, ventilation, chauffage, eau, évacuations) et tout est calculé en temps réel. L’avantage c’est qu’on peut faire les images de synthèse, se balader dans la maquette comme un jeu vidéo… »
A la fin du chantier, la Direction des Travaux Publics aura copie de cette maquette avec la totalité de ce qui a été exécuté sur l’îlot Pasteur. « Si demain, on veut changer l’ampoule d’un luminaire, il n’y a qu’à cliquer dessus, la fiche technique associée apparaît. C’est un mode d’emploi géant indispensable à l’exploitation. Pendant des décennies, ces DOE (documents des ouvrages exécutés) représentaient des centaines de cartons comprenant tous les plans… Avec Bim, vous avez le bâtiment en miniature dans votre poche ! » Mieux, la maquette BIM du collège Charles-III intègre les circulations horizontales et verticales, les ascenseurs et les moyens de secours comme les colonnes sèches permettant de brancher les lances en cas d’incendie. « L’idée est de pouvoir engager les secours le plus efficacement et pour un délai le plus court possible. On sait donc où ça brûle mais on sait surtout comment y aller », a expliqué le Lieutenant-Colonel Yvrard, à la tête des sapeurs-pompiers monégasques à Monaco-Matin. « C’est une première mondiale d’avoir connecté, de façon dynamique, un système de détection incendie sur une maquette numérique, avec un relais direct d’informations aux services d’intervention », a indiqué à la presse de son côté Adrien Le Bret, Directeur adjoint à la Direction des Travaux Publics.
LEGENDE : Ce chantier titanesque aura permis de construire plusieurs ouvrages utiles dont le nouveau collège Charles III.