En charge de la Transition numérique depuis 2018, le délégué interministériel Frédéric Genta s’est vu confier une nouvelle mission: valoriser l’image de Monaco.
Bâtir une stratégie pour renforcer l’attractivité du pays: c’est la nouvelle mission de Frédéric Genta. Nommé Délégué Interministériel à l’Attractivité et à la Transition Numérique, le haut fonctionnaire est placé sous l’autorité directe du Ministre d’Etat, Pierre Dartout. Ce diplômé de l’ESCP et d’Harvard, qui a fait ses classes chez des géants du numérique comme Google et Amazon, a désormais la lourde tâche de piloter une politique – une feuille de route doit être annoncée prochai-nement – répondant au mieux aux attentes des résidents, des touristes, des salariés, des investisseurs mais aussi des entreprises. L’avantage du quadra est d’être placé au cœur du réacteur, et de dialoguer ainsi en direct avec les différents départements, ce qui permet d’accélérer le processus déci-sionnel et exécutif. « L’attractivité doit être traitée de manière interministérielle car cela concerne l’ensemble des secteurs, l’emploi, l’intérieur (éducation, sport et culture), les relations extérieures et l’équipement. Il faut une vision globale », a ainsi rappelé le Ministre d’Etat Pierre Dartout. Et comme « l’attractivité n’est pas seulement l’affaire du secteur public mais aussi du secteur privé , Frédéric Genta, nommé également secrétaire général du Conseil supérieur pour l’attractivité (CSA), coordonne désormais les diffé-rentes entités impliquées (comme le MEB, le Welcome Office, Monaco Inter Expo, le réseau diplomatique, etc.). « Nous allons travailler en bonne intelligence avec tous les organismes publics et privés qui ont un rôle essentiel dans l’attractivité du pays. Ma mission est de fédérer. C’est une priorité », a indiqué le délégué interministériel, qui a démarré sa tournée des différentes instances.
Créé en 2011 sous l’ancien ministre d’Etat Michel Roger, le CSA a pour mission de proposer des outils d’analyse et de prospective afin de contribuer aux réflexions concernant le développement économique de la Principauté, l’augmentation des recettes de l’État, ou encore la maîtrise des dépenses publiques. Il s’appuie sur des commissions (Finances, Immobilier, Destination Monaco, Qualité de Vie, etc.), organise des comités ad hoc, fait appel à des experts des secteurs privé et public et se réunit périodiquement en session plénière. Ses propositions ont par exemple débouché sur la création de l’unité de check-up du CHPG. Il doit être aujourd’hui réactivé pour plancher sur le Monaco des années 2025 à 2030: il ne s’était pas réuni depuis la crise sanitaire…
Des pistes de modernisation
Logement des pendulaires, mobilité, modernisation du droit commercial et économique pavillon de plaisance… Plusieurs pistes sont d’ores et déjà envisagées. L’une des priorités affichées par le gouvernement est d’ailleurs de renforcer l’attractivité de la place financière monégasque « dans un contexte très compétitif concernant les places financières européennes (Suisse, Luxembourg, Grande-Bretagne) et internationales (Dubaï, Singapour). Pour que Monaco puisse s’imposer, Etienne Franzi, le président de l’Association monégasque des activités financières (AMAF), insiste sur la « nécessité d’une accélération du processus législatif et règlementaire concernant la finance et le droit des socié-tés, pour un meilleur accueil des futurs résidents chefs d’entreprise ».
Le numérique, au cœur de la stratégie
Le numérique sera bien évidemment un pilier de la stratégie : « La transition numérique est nécessaire et insuffisante dans le monde d’aujourd’hui, explique Frédéric Genta. Une entreprise qui vient à Monaco aujourd’hui peut bénéficier de la puissance du cloud, les résidents peuvent faire leur demande de carte en ligne, en plusieurs langues, avoir une identité numérique et un guichet unique, avoir un rendez-vous médical en ligne, en quatre langues… Tout cela crée de l’attractivité ! » liste Frédéric Genta, qui rappelle que chaque euro de l’Etat investi dans le Fonds Bleu en a rapporté 8 et créé 300 emplois. « Monaco, comme Singapour et Dubaï, a un modèle basé sur cette capacité à attirer les talents de l’extérieur dans un monde qui change. Il n’y a jamais eu de meilleure période dans l’histoire pour être un petit Etat. Dans le monde dans lequel nous vivons, il faut à la fois une vision et de l’agilité, une stratégie et de l’adaptabilité », souligne le haut fonctionnaire, confiant.
Mais la Principauté doit aller plus loin et « agir vite » compte tenu de la compétition internationale. Certains Etats ont en effet une stratégie proactive. « Singapour a par exemple lancé en ligne des outils simples et précis pour recruter des investisseurs. Tout est facilité et tout est prévu pour se préinscrire dans tous les domaines avant de s’installer dans le pays. » La Principauté s’inspirera certainement de ses concurrents dans les mois à venir. Et devrait également s’appuyer sur une nouvelle campagne de communication. Après le message « Monaco, un rôle à part dans le monde » diffusé dans les années 2010-2011 (la campagne avait coûté 7 millions d’euros), une étude de l’agence M&C Saatchi sur le positionnement de la marque pays devrait accompagner la stratégie monégasque d’attractivité ciblant les touristes, les investisseurs.
Miléna RADOMAN