Élections aux Etats-Unis, hausse des conflits multiformes, baisse des taux… L’économiste Jean-Pierre Petit a livré ses analyses et prévisions des marchés devant les membres du Monaco Economic Board.
C’est un monde « fracturé » qu’a dépeint Jean-Pierre Petit mi-septembre, devant un parterre de personnalités monégasques et d’adhérents du MEB. Selon le Président des Cahiers Verts de l’Économie, il y aura cinq fractures dans les prochaines années : technologique, climatique, énergétique, démographique et démocratique. D’autant que l’on constate une hausse de la « conflictualité multiforme » (économique, militaire, commerciale, technologique et énergétique) avec notamment une augmentation des restrictions à la liberté des échanges commerciaux. La conséquence est évidente : une croissance économique mondiale modérée pour tous les pays, avec un plafonnement de l’expansion chinoise et une perte de vitesse de l’Europe, handicapée par son vieillissement et son retard dans le numérique.
Les Etats-Unis tirent leur épingle du jeu, grâce notamment à une faible dépendance énergétique extérieure, un système productif flexible et des décisions politiques rapides (y compris de la banque centrale américaine) permettant de « se mettre en ordre de bataille », une capacité d’innovation inégalée, la puissance du dollar et sans oublier une “variable clé” : la productivité en hausse depuis deux ans. Selon Jean-Pierre Petit, le résultat des élections présidentielles ne devrait guère changer la donne, même si une victoire de Trump serait plus compliquée pour l’Europe en raison d’un protectionnisme accru… Si Kamala Harris l’emportait, elle mènerait selon l’économiste une politique un peu plus à gauche qui en ferait davantage la candidate du marché obligataire que du marché actions avec un effet à la baisse sur le dollar…
Sur le plan monétaire, la reprise de la désinflation entrainera une baisse des taux par les banques centrales indispensable. « Aujourd’hui le début de cycle de baisse de la FED permet un assouplissement généralisé et souhaitable au niveau mondial. (…) Le potentiel de baisse des taux n’est pas négligeable surtout en Europe ». Côté investissements, le Président des Cahiers Verts recommande de surpondérer les obligations souveraines et privées de bonne qualité, notamment la dette émergente (mais pas la japonaise !), de favoriser l’or ou encore le franc suisse voire le renminbi chinois. Sur le marché des actions, les opportunités à moyen terme ne sont pas légion, les infrastructures ou encore les services restent des options. Sur les technologies, l’éclatement de la bulle se rapproche, même si elle n’est pas encore là, une trop forte pondération de ce secteur dans son portefeuille est à éviter à court terme.
*Conférence organisée en partenariat avec Jutheau Husson.