Monaco Digital est à la fois « l’actionnaire industriel et la locomotive pour le développement business » de Monaco Cloud. Anthony Boira, qui cumule les casquettes de PDG fondateur de Monaco Digital et d’Administrateur en charge du Développement de Monaco Cloud, explique comment son entreprise a choisi d’investir dans le cloud souverain.
Quel a été le rôle de Monaco Digital dans le projet de Cloud Souverain ?
Monaco Digital est associé au projet depuis la création du Cloud Souverain.
Nous avions développé notre propre cloud en 2018, créé spécifi que-ment pour nos clients car certains ne voulaient pas faire appel à des hyperscalers comme OVH, Microsoft et Amazon. Quand l’Etat nous a sollicités, nous étions à la croisée des chemins. Nous commencions à avoir un certain volume de clients, il fallait se professionnaliser… Etre un opérateur cloud, c’est un métier à part entière.
Ce projet de Cloud souverain était une réelle opportunité ; nous n’avons pas hésité. C’était un pari audacieux, unique dans le monde ! Il réu-nissait tous les critères : la localisation des données des clients sur le territoire monégasque, leur protection par les lois monégasques. Gage de confi ance, l’Etat est lui-même client de cette organisation.
Vous avez démarré les négociations en 2020 ?
Nous avons été sollicités par le Gouvernement, en même que temps que Monaco Telecom, pour travailler ensemble sur le projet de Cloud souverain, avant la crise du Covid. Nous avons créé un groupe de travail pour élaborer le projet de construction et de commercialisa-tion de Monaco Cloud. Monaco Telecom a choisi de ne pas devenir actionnaire, mais de rester un partenaire stratégique, en fournissant le data center et les réseaux.
Quel est l’engagement de Monaco Digital au sein de Monaco Cloud ?
L’État est l’actionnaire majoritaire, et nous sommes le principal action-naire à ses côtés. Nous sommes l’actionnaire industriel et devons être la locomotive pour le développement commercial et la croissance du chiffre d’affaires réalisé en dehors du périmètre de l’État, ce qui nous confère un rôle central.
Quel est le profi l des clients de Monaco Cloud ?
Toutes les entreprises sont éligibles, dans tous les secteurs, mais pas forcément pour les mêmes raisons.
D’une part, des OIV se tournent naturellement vers Monaco Cloud car c’est aujourd’hui le seul Cloud conforme aux exigences de l’Agence Monégasque de Sécurité Numérique pour les accueillir.
D’autre part, pour des sociétés de taille intermédiaires, c’est aujourd’hui très complexe d’investir à la fois dans des serveurs, des baies de stoc-kage de données, des progiciels de comptabilité, et d’avoir son propre service informatique pour gérer tout ça. Monaco Cloud leur offre un panel de services pour s’affranchir partiellement ou totalement de ces préoccupations. On peut comparer avec l’évolution technologique que connaît le marché automobile. Certains consommateurs privilégient les transports en commun, d’autres souhaitent s’équiper dès l’origine d’un véhicule électrique et d’autres préfèrent le thermique car ils ne croient pas dans l’électrique. Le cloud s’adapte aux choix de chacun. En fonction de la maturité du client fi nal, il sera intéressé au moins par une partie des fonctionnalités du Cloud. Par exemple, certains veulent garder leur dispositif interne mais veulent une sauvegarde de leurs données sur le Cloud, dans un environnement où le niveau de sécurité est garantie, et où les données sont répliquées. L’homologation PSSI-E confère à l’ensemble des clients privés la garantie de disposer de conditions de sécurité similaires à celles des systèmes du Gouvernement.
Quelles sont leurs principales attentes ?
Le besoin principal des clients est de maîtriser leurs investissements informatiques tout en s’affranchissant de la gestion des contraintes techniques (la mise en place de locaux techniques, la gestion de ser-veurs, la maîtrise de réseaux complexes, les outils de sauvegarde, etc.). Passer par une externalisation de ces fonctions permet à chacun de se concentrer sur son métier ; c’est la grande tendance. Monaco Cloud propose des solutions technologiques éprouvées et solides, telles que le constructeur DELL, et l’éditeur VMWare, leader dans la virtualisation.
Qu’est-ce que vous vendez le plus ?
Pour l’instant, ce qu’on appelle les couches basses – les serveurs virtuels, le stockage, le plan de continuité d’activité – car nos clients franchissent les premières étapes.
Nous allons prochainement offrir de nombreux services stratégiques à valeur ajoutée pour le quotidien des entreprises comme la signature électronique, coffre-fort, ou encore des logiciels de paie.
Commercialement où en êtes-vous ?
Monaco Cloud a déjà une trentaine de clients comprenant l’État, des OIV et des entreprises privées. Nous sommes également en train de migrer les clients de l’IT Cloud de Monaco Digital.
Pour Monaco Digital, qui représente aujourd’hui 270 salariés et 53 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022, le challenge, au-delà d’être partenaire industriel, est de se réinventer. Nous sommes dé-sormais la société de service qui va vendre les services managés de l’opérateur cloud ainsi que leur infogérance et leur intégration. Par exemple, aujourd’hui, si on vend une solution d’archivage ou de signature électronique, on le fait à partir du cloud. Monaco Cloud nous a apporté une force de frappe.
Au-delà de Monaco Digital, c’est le cas pour toutes les ESN Moné-gasques partenaires de Monaco Cloud. Un partenaire comme Actis a mis en place un coffre-fort numérique à partir du cloud.
Les ambitions sont élevées. Monaco Cloud vise toujours une aug-mentation rapide de son chiffre d’affaires ?
Oui, nous souhaitons relever ce défi !
A court terme, le Cloud, qui a été certifié en Juin 2022, sera rentable au premier trimestre 2024. C’est une véritable performance pour une entreprise d’infrastructures, et nous allons développer le secteur privé fortement dans les mois qui viennent avec les équipes Monaco Cloud.
A moyen terme, le marché des technologies native cloud sera impor-tant. Demain, toutes les start-up développeront leurs outils à partir du cloud. Sans une offre de Cloud, les start-up ne s’installeront pas à Monaco. C’est le marché de l’avenir. On estime ainsi que d’ici 3 à 5 ans, 70 à 80% des clients seront tous sur le cloud. La maturité des clients aura évolué.
Pour l’Etat cette migration des données est une révolution ?
Le Gouvernement migre ses données bloc par bloc. Tous les nou-veaux projets arrivent avec une orientation cloud ; ils sont écrits à partir des technologies cloud pour le cloud. C’est une révolution pour l’Etat mais c’est un choix stratégique pour Monaco, qui a choisi de se placer parmi les leaders mondiaux dans les nouvelles technologies.
Vous formez un binôme avec Pascal Rouison, le numéro 2 de la DITN, pour la gouvernance de Monaco Cloud. Comment ça se passe ?
Notre collaboration se déroule parfaitement. Nous travaillons ensemble de manière rapprochée et en confiance. Nous avons chacun un rôle bien défini. Pascal Rouison représente les engagements de l’État en tant que client et doit vérifier que les axes stratégiques sont bien ceux souhaités par le projet Extended Monaco. Mon rôle est de faire du Cloud une réussite industrielle et économique.