Françoise Milatos, Directrice Générale Adjointe de Monaco Digital , société monégasque spécialisée dans le numérique, aborde pour Monaco Economie l’Intelligence Artificielle (IA), concept à connotation futuriste mais pourtant dèjà bien actuel
L’Intelligence Artificielle est sur toutes les lèvres mais de quoi s’agit-il concrètement ?
L’Intelligence Artificielle est au cœur de toutes les actualités et suscite tour à tour curiosité, méfiance, fascination ou crainte de l’avenir. Il faut tout d’abord comprendre que l’IA n’est pas réellement une intelligence : c’est une simulation de l’intelligence humaine, basée sur des phases préalables d’apprentissage, au cours desquelles on apprend à la machine à associer des données pour répondre à des questions plus ou moins prédéfinies. La puissance de l’IA est liée à la capacité de traiter de données de plus en plus importantes, et de les associer à des programmes ou des traitements de plus en plus puissants. Mais elle ne peut générer que ce qu’on lui a défini en entrée. Il faut donc avant tout en comprendre les mécanismes et apprendre à l’utiliser.
Comment appréhendez-vous l’Intelligence Artificielle au sein de Monaco Digital ?
Chez Monaco Digital, nous avons mis en place un groupe de travail multidisciplinaire pour suivre les évolutions de l’IA et les amener chez nos clients. Nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires les plus actifs, qui investissent beaucoup sur ce sujet, tels qu’IBM et Microsoft par exemple. Nous accompagnons nos clients à la fois dans la réflexion sur les cas d’usages, la sensibilisation, la formation aux outils et les projets d’expérimentation qu’ils veulent mettre en œuvre.
Dans nos métiers internes, l’IA est déjà utilisée couramment par les développeurs pour automatiser la génération de code, et donc accélérer la réalisation des programmes.
Nous avons également réalisé des projets opérationnels, par exemple la création de chat bots dans nos services administratifs, ou l’automatisation de certaines activités opérationnelles, parmi les plus répétitives, telles que la création de documentation technique ou la surveillance quotidienne des machines de nos clients.
Quelles opportunités et perspectives l’Intelligence Artificielle offre aux entreprises monégasques ?
Le formidable avantage dont bénéficie Monaco est que les infrastructures techniques nécessaires au développement de l’IA sont déjà en place : les capacités de stockage de gros volumes de données et de grande puissance de traitement sont disponibles sur le cloud souverain, qui a été pensé pour être un réceptacle souverain et sécurisé pour les projets d’IA.
Les cas d’usages sont multiples et touchent tous les secteurs. En 1er lieu, l’automatisation des tâches qui obéissent à des règles prédéfinies ; par exemple le traitement de dossiers dans les secteurs des banques et assurances : recueil et contrôle de données, traitement des cas standard, proposition de solutions pour cas particuliers identifiés, etc.
On voit aussi beaucoup d’expérimentations intéressantes dans le milieu médical : analyse de cas complexes multifactoriels, aide au diagnostic, …
Une vraie réflexion est également active dans les domaines de l’éducation, aussi bien pour former les élèves à ce nouveau domaine, que pour proposer des modes d’apprentissage plus interactifs et personnalisés.
Quels sont les défis associés à l’utilisation de l’Intelligence Artificielle dans le monde professionnel ?
Les défis sont multiples et doivent être traités en amont et dans toutes les phases des projets IA :
- 1er défi : la sécurité. Plus on multiplie les usages, plus les risques augmentent s’ils ne sont pas anticipés. C’est pourquoi il est indispensable d’inclure dans tous les projets IA des experts sécurité dès l’origine. Nos experts de Monaco Cyber Sécurité investissent déjà beaucoup de temps sur l’IA, en lien avec nos partenaires spécialisés.
- 2e défi : la qualité des données. L’IA ne sera efficace que si on a réalisé au préalable un travail de récolte, tri, nettoyage et organisation des données métier. Sans données pertinentes, les résultats seront désastreux et généreront une perte de confiance immédiate.
- 3e Défi : le respect de l’éthique. L’IA ne doit pas déposséder l’humain de ses responsabilités et de sa capacité de jugement, qui sont seuls garants du développement de nos activités dans une perspective durable.
Il ne faut pas oublier non plus le respect des données personnelles et le respect de la propriété intellectuelle.
Comment envisagez-vous l’avenir de l’Intelligence Artificielle en Principauté ?
Monaco a une carte à jouer pour faire de l’IA un facteur de réussite économique différentiateur. Pour cela, il serait pertinent que l’ensemble des acteurs qui travaillent sur ce sujet mettent en commun leurs forces et leurs avancées pour développer et valoriser un vrai savoir-faire monégasque, concret et opérationnel, sur l’IA.
