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Mission pour la Transition énergétique

Mission pour la Transition énergétique : « Nous devons tendre vers la sobriété »

A la tête de la Mission pour la Transition énergétique, Annabelle Jaeger-Seydoux appelle à « consommer l’énergie électrique intelligemment et efficacement ».

Votre feuille de route, c’est d’atteindre la neutralité carbone en 2050 et -55% de GES d’ici à 2030 ?

C’est l’objectif à atteindre. Notre feuille de route, c’est de nous attaquer à chacune des sources d’émissions de GES en Principauté. C’est un objectif ambitieux mais nécessaire. Il faut aller encore plus vite et plus fort pour réduire chaque source d’émission. Par exemple, les émissions du bâtiment, elles sont moitié dues au fuel / moitié au gaz naturel. Il n’y
aura plus de fuel en 2022 et notre solution est de déployer des boucles thalassothermiques à la Condamine et au Larvotto. Il y aura certes quelques mois de décalage et des dérogations seront accordées à condition que les co-propriétaires s’engagent à se raccorder à la boucle dès lors qu’ils sont dans le périmètre du projet.

La prochaine étape, c’est d’interdire le gaz ?

Le gaz reste une énergie fossile, et même si les émissions de GES diminuent de 30% lorsqu’on remplace le fuel par le gaz, ce sera effectivement notre prochain chantier. Il est possible de remplacer le gaz naturel par des pompes à chaleur, du biogaz s’il est disponible mais aussi de développer l’apport des énergies renouvelables. En complément de la thalassothermie et du solaire, nous étudions d’autres potentiels. Des études sont également actuellement menées sur le potentiel de la géothermie en Principauté. L’Engelin, la Tour Odéon et la Petite Afrique utilisent déjà cette solution à faible profondeur. La géothermie profonde est complexe en milieu urbain. Elle implique de réaliser des forages à plusieurs centaines de mètres… D’ailleurs, l’Alsace qui était très en avance dans le domaine, est aujourd’hui
confrontée à des tremblements de terre… Nous explorons aussi la réutilisation des eaux usées. Ce système est basé sur des pompes à chaleur connectées aux eaux usées afin de récupérer les calories et frigories. C’est une technologie très mature : un écoquartier fonctionne ainsi à Roquebrune-Cap-Martin et ça se développe. On a réalisé une cartographie de ce potentiel en Principauté. Un bureau d’études a mesuré le potentiel sur l’ensemble du réseau d’assainissement pour identifier là où il serait opportun de récupérer l’énergie. Cette cartographie a été croisée avec nos immeubles. Résultat, on discute avec deux syndics pour tester le dispositif sur deux immeubles.

C’est quoi le mix énergétique actuel en Principauté et l’objectif en 2050 ?

La Principauté importe la majorité de l’énergie qu’elle consomme : fioul, gaz naturel et électricité. Bien que les surfaces de panneaux photovoltaïques aient été multipliées par plus 4 en 2 ans avec presque 10 000 m² à date, la production d’électricité solaire représente moins de 5% de la consommation d’électricité. Pour chauffer et climatiser les bâtiments,
le savoir-faire monégasque de la thalassothermie est développé depuis les années 60 : les pompes à chaleur sur eau de mer fournissent une énergie renouvelable considérable avec maintenant 3 réseaux thalassothermiques à Fontvieille, la Condamine et au Larvotto, la plupart des hôtels de la Société des Bains de Mer et des dizaines de PAC privées qui
permettent d’optimiser notre consommation d’électricité avec un très bon niveau de confort.

On est dans une ère du tout-électrique ?

Oui, la transition numérique est électrique. Nos technologies de pompes à chaleur – au rendement très efficace – font appel à l’énergie électrique pour fonctionner, tout comme nos solutions de mobilité. Mais notre priorité est de consommer cette énergie intelligemment et efficacement.

Comment atteindre une sobriété énergétique ?

On propose les outils de la sobriété. Par exemple, des bornes intelligentes pour recharger les voitures électriques en gérant les pointes. Il faut pouvoir foisonner l’énergie. Nous équipons également les immeubles les plus énergivores de compteurs intelligents (Smart +), permettant une parfaite vision des usages pour les gérer au mieux et réduire la facture énergétique (8 à 10% en moyenne de la consommation électriques des parties communes grâce à de simples réglages). Après, la sobriété ne se décrète pas mais engage chaque individu. Il ne suffit pas de donner des solutions, il faut que chacun s’en empare. On constate ainsi que si les appareils sont de plus en plus efficaces sur le plan énergétique, la courbe de consommation d’énergie descend très doucement car les gens accumulent des machines et de nouveaux usages. Chacun doit s’interroger chaque jour sur les conséquences de ses actes. Nous devons tendre vers la sobriété et la fin de l’usage unique. La seconde vie et l’économie circulaire sont des solutions nécessaires pour vivre un jour sans déchet.

La crise du Covid a permis de rêver au monde d’après et a généré une prise de conscience des citoyens au plus haut du confinement. Le Plan B, c’est la décroissance ?

Le Plan B pourrait être de tout interdire, ce qui serait terrible… Ce n’est pas le choix de la Principauté, qui mène une politique incitative. Il est encore possible d’être extraordinairement créatif et de faire différemment sur tous les sujets (mobilité, déchets, énergies). Les 1000 solutions de Bertrand Piccard le prouvent encore. Certaines seraient parfaitement adaptées à nos enjeux (pour la sobriété énergétique dans les bâtiments, la mobilité durable ou le yachting…). Nous sommes en veille constante sur l’innovation qui foisonne sur nos sujets et qui représente de nouvelles opportunités de croissance économique.

La Transition énergétique est-elle conciliable avec la préservation des ressources ? C’est la thématique du débat organisé par la MTE avec le journaliste Guillaume Pitron. Qu’en pensez-vous ?

Certains m’ont dit que je me tirais une balle dans le pied en organisant un tel débat, que Guillaume Pitron allait décrier les impacts négatifs des solutions que nous avons adoptées. Certains utilisent en effet ses propos pour défendre le monde « d’avant », des énergies fossiles. Alors que nous partageons avec Guillaume Pitron le fait qu’il faille résolument tourner le dos aux énergies fossiles et à une économie carbonée. On assiste quasi impuissant à la 6e extinction du vivant. La pollution de l’air fait plus de victimes chaque année que le tabac. Nous recrachons dans l’atmosphère 51 milliards de tonnes de C02 chaque année. En 2050, notre projet collectif, c’est d’en « recracher » zéro ! Le challenge est immense, c’est une occasion unique de redonner du sens au progrès, c’est un défi en terme de créativité.

Guillaume Pitron est un lanceur d’alerte. Il nous dit que chaque solution a un impact et qu’il faut faire attention. Nous l’entendons.

Comment concilier transitions numérique et écologique ?

Nous menons un travail main dans la main avec la Délégation Interministérielle à la Transition numérique pour rendre le numérique plus sobre en énergie et en matières premières. Le processus de dématérialisation de la Principauté, avec, depuis 2018, l’augmentation de 33% des procédures en ligne, permettant d’économiser 1,4 tonnes de papier au sein de l’administration. Alors que les usages numériques se multiplient, plusieurs solutions et gestes sont possibles et à la portée de chacun d’entre nous, comme prolonger la durée de vie des appareils, privilégier le reconditionné, récupérer la chaleur produite par les data centers ou encore utiliser les plateformes de partage plutôt que l’envoi de mails au sein des entreprises.

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