Invité par le Monaco Economic Board, Christophe Barraud, Chef économiste chez Market Securities, a livré ses prévisions économiques pour la fin 2023 et 2024.
« On reste dans un scénario où la croissance mondiale continue de ralentir; elle devrait être proche mais légèrement supérieure à 2,5% cette année. Néanmoins, si on regarde dans le détail, il y a une divergence assez marquée entre ce qui va se passer dans les pays développés et la Chine… » Le 16 mai dernier, Christophe Barraud, régulièrement élu meilleur prévisionniste au monde par Bloomberg pour la Chine, les Etats-Unis et la zone Euro depuis de nombreuses années, a esquissé ses projections devant un parterre de plus de 80 chefs d’entreprises et professionnels de la place au Novotel. L’économiste s’est montré plus optimiste concernant la Chine, en se basant sur la reprise du trafic aérien, qui peut encore progresser sur l’international, et l’immobilier, qui est reparti à la hausse en début d’année, grâce à des politiques fiscales et de forts investissements de la part des autorités. Les Chinois ayant épargné deux fois plus que d’habitude en raison des restrictions sanitaires et compte tenu de leur faible inflation, Christophe Barraud prévoit dans l’Empire du Milieu une croissance de 5,8% du PIB en fin d’année et une tendance favorable pour 2024.
Les perspectives semblent en revanche plus sombres pour les Etats-Unis. « Outre la crise financière qui touche les petites et moyennes banques, les conditions de crédits se durcissent ce qui devrait entraîner une baisse de la consommation, moteur essentiel de la croissance en Amérique. Christophe Barraud prévoit ainsi une récession pour la fin d’année avec une évolution du PIB de 1, 2% pour 2023 et des perspectives plus pessimistes que le consensus pour 2024 avec une croissance de seulement 0,4% », résume le MEB dans un communiqué.
Hausse des taux par la BCE
La zone Euro, quant à elle, aurait évité la récession de justesse mais selon le prévisionniste, la fin d’année devrait être négative, avec une exposition forte à toute tendance défavorable du contexte international… Toujours selon le MEB, « Pour 2024, Christophe Barraud se montre nettement plus pessimiste que les projections du consensus avec une croissance du PIB limitée à 0,4% contre 1% ». Un autre bémol de la part du prévisionniste concerne la politique des Banques Centrales : le resserrement des conditions de crédit commençant à affecter l’activité économique, l’inflation a passé son pic en 2022, Christophe Barraud prévoit une baisse des taux de la FED à partir du quatrième trimestre 2023. En Europe, l’inflation, encore importante hors énergie et produits agricoles, a en revanche conduit la Banque Centrale Européenne (BCE) à encore relever ses taux, comme le prévoyait l’économiste. Et Christine Lagarde, la Présidente de l’Institution Monétaire, a annoncé que seul « un changement notable par rapport aux perspectives » permettrait d’éviter de poursuivre cette politique cet été…
« Les chiffres ne mentent pas et en Principauté, ils sont bons »
Le contexte économique incertain a également fait partie des discussions du dernier Rendez-vous des adhérents organisé par le MEB fin juin. « En ce moment, on ne sait pas trop à quoi se raccrocher. (…) Ce que l’on a vécu ces 12-18 derniers mois n’avait pas été vu depuis des décennies. Et vous, vous devez prendre des décisions importantes dans ce contexte, ajuster le tir, embaucher ou non, investir ou non, changer de matériel informatique », a ainsi déclaré Jean Castellini aux 350 acteurs économiques et personnalités présents. Le Conseiller de Gouvernement-Ministre des Finances et de l’Economie s’est cependant efforcé de rassurer les invités en s’appuyant sur les données du nouveau Monaco en Chiffres*. « Les chiffres ne mentent pas et en Principauté, ils sont bons, voire très bons ». Tel le chiffre d’affaires monégasque qui a grimpé de 600 millions d’euros… Surfant sur des secteurs en pointe, le Président du MEB Michel Dotta a quant à lui annoncé que le MEB organiserait des ateliers sur l’intelligence artificielle. « A une époque, Monaco a pris un peu de retard sur le numérique (…) aujourd’hui nous sommes dans les clous mais au prix de gros efforts. Il ne faut pas que nous fassions la même erreur au niveau de l’intelligence artificielle générative ».
Le prochain Rendez-vous des adhérents (19 septembre), grand classique des cocktails networking, sera précédé d’une session de rendez-vous BtoB.
