Six dirigeants d’entreprise ont été récompensés à l’occasion des 13ème Trophées du Club Eco Monaco organisés par le Monaco Economic Board (MEB) et le Groupe Nice-Matin. Un nouvel éclairage sur l’esprit entrepreneurial en Principauté.
« Depuis 2012, les Trophées ont déjà récompensé 80 entités, afin de rendre hommage à l’esprit d’entreprise qui anime notre pays » avait rappelé le Président du Monaco Economic Board Michel Dotta, avant la distribution des prix couronnant une carrière ou les entreprises ayant le plus performé. La 13e édition des Trophées du Club Eco Monaco, qui s’est tenue au Grimaldi Forum, en a honoré six autres devant un parterre de 300 acteurs économiques et personnalités le 25 novembre dernier. L’occasion pour le Président Dotta de rappeler la force de Monaco : « la stabilité politique et l’absence de changement constant de fiscalité. Un investisseur investit sur 8 à 10 ans ; si après 4 ans, l’équipe au pouvoir et les règles changent, il reste au milieu du pont et ne sait pas comment se retourner… »
« C’est vous qui faites la richesse du pays ! »
Pour l’Exécutif, les Trophées de l’Eco représentent également l’occasion de faire passer quelques messages auprès des entrepreneurs de la place. « Il n’y a rien de plus important à Monaco que ce que vous représentez. C’est vous qui faites la richesse du pays, c’est grâce à vous que demain il y aura encore beaucoup d’avenir pour cette Principauté », a ainsi déclaré, le nouveau Ministre d’État, affirmant que le Gouvernement était « pro-business » et saluant la grande diversité du tissu économique. Dans son discours liminaire, Didier Guillaume a rappelé la feuille de route que lui a confié le Prince Albert II, axée « sur le développement économique et sur la recherche de nouvelles recettes économiques qui ne peuvent passer que par l’innovation, que par l’apport de nouvelles entreprises ». Le chef du Gouvernement a assuré que « l’administration était bien là pour aider les entrepreneurs » et non les empêcher de créer de la richesse, balayant toute critique de bureaucratie excessive. Aux entreprises de la place, il a également évoqué le projet de regrouper sous la même bannière toutes les entités œuvrant pour l’attractivité du pays, à savoir le MEB, le Monaco Private Label et le Conseil supérieur pour l’attractivité. Le délégué interministériel Frédéric Genta est missionné pour rédiger un rapport sur cette feuille de route de l’attractivité monégasque.
Transparence
Cette édition, animée par Guillaume Rose, Directeur Général Exécutif du MEB et Christian Huault, Directeur des rédactions du Groupe Nice-matin, a été marquée par la citation des nominés et non pas seulement des six lauréats dans les catégories Manager de l’année, Développement durable, Innovation, International, Made in Monaco et Prix Spécial du Jury. Une nouveauté « au nom de la transparence », a noté Guillaume Rose.
Françoise Puzenat – BNP Paribas Monaco : la meilleure Manager 2024
« En banque, la matière première, c’est l’humain, pas l’argent », assure Françoise Puzenat, qui dirige la succursale monégasque de BNP Paribas depuis 2022 (soit 200 salariés). La directrice de territoire a été récompensée pour les performances de son établissement (meilleure banque privée internationale et meilleure banque privée durable à Monaco selon Euromoney) mais surtout pour avoir insufflé une dynamique de changement tout en fédérant ses équipes. « Une banque se doit d’être à l’écoute de ses équipes, les amener à être au top ; le monde évolue, se transforme… Il ne faut perdre personne en cours de route », indique la dirigeante sacrée manager de l’année. « Vous arrivez de la compliance, c’est un gage de sérénité pour la place bancaire », lui a indiquéMichel Dotta, en lui remettant son prix avec Sylvie Biancheri, Directrice Générale du Grimaldi Forum.
EMT, primé pour sa politique de développement durable
Décarboner le métier de la construction, c’est possible ? C’est en tout cas l’objectif de l’Entreprise monégasque de travaux (EMT), spécialisée dans la production et la livraison de béton et la raison du Trophée du Développement durable remis par Annabelle Jaeger-Seydoux, Directrice de la Mission pour la Transition Énergétique et Thomas Battaglione, administrateur Directeur Général de la SMEG.
Depuis 2010, EMT aurait réduit de 60% et de 75 000 tonnes son empreinte carbone en agissant sur 2 leviers : le renouvellement de sa flotte de poids lourds qui répondent désormais à l’exigeante norme EURO VI et le remplacement d’une partie du ciment dans le béton par des produits moins polluants et issus de revalorisation de déchets industriels. « Depuis 2020, nous n’utilisons plus de carburants fossiles pour nos livraisons. 50% de nos camions roulent au XTL, un carburant de synthèse fabriqué avec 80% de graisse animale, 10% d’huile végétale recyclée et 10% de plastique recyclé », explique son Directeur Général Eric Humilier qui dit vouloir « aller plus loin » avec la production d’un nouveau béton bas carbone. « Nous allons faire un essai industriel de notre ciment. Nous aimerions être les premiers chantiers à l’utiliser à Monaco. » Signataire du Pacte pour la Transition énergétique, EMT, créé en 1973, affiche un chiffre d’affaires entre 15 et 20 millions d’euros, grâce à 52 collaborateurs, et produit 90 000 m3 de béton chaque année.
Otoneuro Monaco, salué pour son innovation
« Il y a un manque cruel d’offre médicale dans le domaine de l’otoneurologie qui s’occupe des troubles de l’audition (surdité, acouphènes, troubles de l’équilibre, vertiges). C’est pourquoi le docteur Pierre Lavagna a décidé de créer Otoneuro en 2024. L’ancien chef du service ORL du CHPG, le Dr Pierre Lavagna a su créer une structure spécialisée dans l’audition et le traitement des vertiges de très haut niveau. L’établissement, qui enregistre 2 400 consultations et 2 000 séances de rééducation depuis l’ouverture, est également impliqué dans la recherche. C’est un laboratoire “d’appui” pour les instituts de recherche via des collaborations avec l’Inserm de Montpellier ou le CNRS de Marseille. Pierre Lavagna a reçu l’autorisation de créer avec Jean-Luc Puel, chercheur en neurosciences, l’Institut monégasque de recherche en otoneurologie. Le prix Innovation a été remis par Henri d’Alessandro, Directeur de la succursale de Monaco – Centre d’Affaires Monaco / Caisse d’Epargne Côte d’Azur et Yann Grégoire, Responsable commercial BtoB, Monaco Telecom.
Fraser Worldwide, pour aller toujours plus loin
Cette année, c’est l’un des grands noms du yachting qui a reçu le Trophée International des mains de Pierre-André Chiappori, Conseiller de Gouvernement – Ministre des Finances et de l’Economie et de Pascal Camia, Directeur du Développement International de Monte-Carlo SBM.« Fraser est le leader mondial pour les services offerts aux superyachts (courtage traditionnel, achat et vente de yachts, la gestion de yachts, l’affrètement et la fourniture d’équipages) », indique son Directeur Général Exécutif Anders Kurten.
Fondée en 1947 à San Diego, Fraser est installé en Principauté depuis plus de 30 ans. Fraser Worldwide emploie près de 150 personnes en Principauté. « Monaco est le berceau historique du super yachting en général. C’est d’ailleurs l’un de nos sièges principaux en complément de notre autre siège situé à Fort Lauderdale en Floride », insiste Anders Kurten. Fraser (avec ses 220 collaborateurs dans le monde) est présent dans 12 pays. La valeur de sa flotte mondiale est de 6,1 milliards de dollars.
Stajvelo, les vélos Made in Monaco
On connaissait la famille Manni pour avoir créé le groupe équipementier automobile Mecaplast. Changement de braquet en 2017. Thierry Manni fonde Stajvelo qui conçoit des vélos, électriques ou non, avec au cœur de la stratégie, le sur-mesure, aussi bien pour les particuliers que pour les flottes professionnelles. Autre caractéristique, le montage en local de la totalité des modèles, réalisé dans l’atelier situé dans le quartier de Fontvieille. Distribué dans plusieurs pays européens (avec un réseau d’une quarantaine de magasins en France, mais aussi en Italie, Espagne, Suisse et Belgique), Stajvelo prévoit d’élargir très prochainement son terrain de jeu aux Émirats Arabes Unis et aux Etats-Unis. « Les Etats-Unis aiment l’image de Monaco, et notamment le drapeau monégasque à l’arrière du vélo… » explique Thierry Manni, qui peut compter sur un ambassadeur de choc, le pilote Ferrari Charles Leclerc. Le patron de Stajvelo espère quasiment tripler la production l’année prochaine et teste actuellement des matériaux pour élargir la gamme et améliorer les performances de ses produits. « L’objectif est de rendre ces vélos plus légers et recyclables. Mais aussi de trouver des solutions technologiques pour éviter les vols. » La marque, qui avance avec 6 salariés, affiche un chiffre d’affaires de 700 000 euros.
Pour ses vélos assemblés à Monaco, Stajvelos a reçu le prix Made in Monaco remis par Thomas Brezzo, Président du Conseil national et Denis Carreaux, Directeur Délégué et Directeur des Rédactions du Groupe Nice-Matin.
Les Ballets de Monte-Carlo et Jean-Christophe Maillot, Prix Spécial du Jury
Fondée en 1985, la compagnie des Ballets de Monte-Carlo a été créée « dans la tradition de ce qu’ont pu être les Ballets russes de Diaghilev », rappelle Jean-Christophe Maillot, son Chorégraphe-Directeur. Depuis plus de 30 ans, l’ancien danseur a su faire de la Principauté un haut-lieu de la danse en créant plus 30 ballets (dont certains comme La Belle, Faust et La mégère apprivoisée ont reçu des prix prestigieux comme le prix Nijinski et le Benois de la Danse) et en invitant des chorégraphes majeurs ou en devenir, à venir travailler à Monaco. Il a aussi su montrer que les Ballets sont une vraie société. « Oui, cette compagnie est une entreprise culturelle de 120 personnes. C’est une société avec des personnels artistiques, administratifs, commerciaux, techniciens de 25 nationalités », rappelle le chorégraphe. Par ses tournées, qui peuvent être coordonnées avec des missions économiques du Monaco Economic Board, la compagnie participe activement au rayonnement de Principauté et à son attractivité. « Elle a fait quatre ou cinq fois le tour du monde ! » lance Maillot, qui estime que « Monaco est un des rares pays à donner un budget aussi important à la culture. Beaucoup de pays pourraient en prendre exemple… » C’est d’ailleurs le Ministre d’État Didier Guillaume qui lui a remis le prix spécial du jury.
