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HVMC : « Nous sommes très vigilants sur la provenance des objets »

La question de la provenance des œuvres d’art et de leur potentielle revendication représente un véritable casse-tête pour le marché de l’art. Franck Baille, fondateur de la maison Hôtel des Ventes Monte-Carlo (HVMC), témoigne de son expérience.

Spécialisée dans l’art ancien et la joaillerie, la maison Hôtel des Ventes Monte-Carlo compte parmi ses nombreux départements un pôle d’archéologie très actif. Avec toute la pression que cela suppose quant à la vérification de la provenance des objets… L’expertise n’est pas une science exacte et la recherche de l’histoire d’un objet peut être complexe. Comment éviter d’être victime des trafics d’antiquités pillées ou de vendre des biens culturels issus de spoliations ? Comment faire face aux revendications d’États étrangers, aux demandes de restitution ? On estime ainsi par exemple à 100 000 le nombre d’œuvres et à au moins 5 millions le nombre de livres spoliés en France pendant l’Occupation… Depuis 2000, certaines listes rouges, édictées par l’ICOM (Conseil international des musées), répertorient également les catégories d’objets d’art exposées au trafic et au vol. « Nous sommes abonnés à Art Loss Register, la plus vaste base de données mondiale d’objets d’art volés, qui vérifie tous nos catalogues, sans exception, pour tous les objets au-dessus de 1 500 euros. C’est un contrat qui permet de vérifier qu’il ne s’agit ni d’objets volés, ni d’objets spoliés. Nous sommes très vigilants là-dessus », explique le Directeur Franck Baille. Et pour cause. « Les ventes d’archéologie, c’est un problème par vente ! Il y a souvent des contestations, des revendications. D’où l’intérêt de passer par ce registre », explique l’expert qui a servi d’intermédiaire dans la restitution d’une tête antique d’Artémis qui avait été volée dans les ruines du Forum romain en 1970. « Le propriétaire anglais, qui l’avait achetée tout à fait officiellement dans une galerie, a appris que l’objet était le fruit d’un vol. Nous l’avons accompagné pour une restitution à l’amiable, sans aucun problème. » Franck Baille l’a ramené à Rome, avec les remerciements du Général-chef des Carabiniers et du Ministre de la Culture transalpin…

Des revendications variables

Pour l’expert en peinture moderne et impressionniste, il faut néanmoins distinguer les demandes de restitution. « Il y a une tendance, actuellement, pour les États, à revendiquer des objets qu’ils considèrent comme étant de leur patrimoine. Ma doctrine est de dire que si un objet est spolié, ou volé dans une fouille clandestine, etc., c’est tout à fait légitime pour un État de le revendiquer. Mais si l’objet est revendiqué sur la base de sa typologie, au nom d’une repentance généralisée, alors là, nous ne sommes pas d’accord. C’est en contradiction avec le droit élémentaire de la propriété privée. Et donc, là, nous défendons nos droits. »

HVMC a ainsi dû faire face l’an passé à une demande de restitution de la part du Mexique (traitée par les autorités monégasques) sur un sceptre de l’impératrice Charlotte du Mexique (1840-1927), adjugé 120 000 euros à la Fondation CRTrieste. Une très belle pièce de 34 centimètres en or 24 carats, finement ciselée, parsemée de diamants, rubis et émeraude et doté de perles. « Nous avons eu la revendication de l’ambassadrice du Mexique, à Paris, ainsi que de la directrice de l’UNESCO pour le patrimoine. Nous avons tenu bon et obtenu gain de cause. » L’objet, possession de Léopold II, roi de Belgique, et frère de Charlotte, avait été donné au baron Adrien Goffinet, un proche de la famille, devenu secrétaire des commandants du roi et de la reine de Belgique, en signe de gratitude pour ses bons et loyaux services. « Le baron Goffinet avait exfiltré l’impératrice Charlotte et l’avait amenée dans son château de Trieste. » L’objet était depuis transmis de père en fils. « Nous avons été entendus par les autorités monégasques. Le sceptre en vente a pu être acheté et a regagné sa destination… à Trieste », rappelle Franck Baille.

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