Pour éviter toute paralysie du réseau électrique, particuliers et entreprises monégasques sont appelés à baisser leur consommation.
Un hiver marqué par des coupures intempestives de courant? C’est le scénario que tout le monde craignait avec la crise énergétique alimentée par la guerre en Ukraine. C’est pour parer à tout black-out la Société Monégasque de l’Électricité et du Gaz (SMEG) a concocté un plan de délestage validé par le Gouvernement début décembre.
Pour éviter les coupures ponctuelles dans un pays qui consomme chaque année environ 500 gigawatt-heure selon la SMEG, la population est ainsi appelée à baisser sa dépense énergétique, surtout dans les créneaux où le niveau de consommation est le plus fort (de 8 heures à 13 heures, puis entre 18 heures et 20 heures en hiver et en semaine). Si cette réduction volontaire ne suffisait pas, la SMEG pourrait alors procéder à une baisse de tension d’au minimum 5 % de tout le réseau électrique, avant d’aller crescendo. En cas de scénario critique, des coupures « très localisées, sur des créneaux de 2 heures maximum, à des horaires très précis et annoncés à l’avance », décidées en coordination avec le Gouvernement, sont en effet envisagées, épargnant le secteur médical et les services « essentiels » au fonctionnement de l’État, dont les écoles.
Pour s’adapter, chacun peut observer en quasi-direct l’état de tension énergétique de Monaco grâce à la « météo de l’électricité » publiée sur le site Internet www.smeg.mc. Trois couleurs (vert, orange ou rouge) indiquent l’état de tension énergétique de Monaco. C’est bien évidemment en cas de météo rouge qu’un délestage serait acté.
Un hiver doux et la remise en route de réacteurs nucléaires à l’arrêt en France ont permis d’éloigner le risque de coupures en décembre. Reste à espérer que le réseau électrique se maintiendra jusqu’à la fin de l’hiver. « C’est plutôt le mois de janvier où l’on craint une tension, avec quatre jours en rouge », avait déclaré Sylvain Didierjean, directeur électricité et gaz de la SMEG à France 3 en décembre.
Extinction des feux
Pour favoriser la sobriété énergétique, l’Etat a décidé de montrer l’exemple. Dans le cadre du plan gouvernemental de maîtrise énergétique, présenté mi-novembre, l’administration doit respecter une température de chauffage limitée à 19 degrés, avec une tolérance de deux degrés dans les bâtiments publics, exceptions faites du Centre Hospitalier Princesse Grace et des écoles. Une extinction de l’éclairage des édifices publics et des abribus a également été mise en place à partir de 22 heures. Les commerçants étant invités, eux, à une extinction de leurs enseignes dès 23 heures…
Symboliquement, la traditionnelle patinoire du Port Hercule a été remplacée par une piste de roller, tout comme le « chemin de glace » de la place du casino.« N’oublions pas que dans un pays méditerranéen comme le nôtre, nous bénéficions souvent de conditions plutôt favorables en hiver. Les habitudes doivent être prises maintenant, car c’est en été que les pics de consommation énergétique sont les plus forts, avec la climatisation », a rappelé Céline Caron-Dagioni, qui appelle chaque citoyen à adopter les bons écogestes. Notamment l’usage des transports en commun, l’extinction des appareils en veille (représentant 10 % de la consommation d’électricité des ménages) ou encore la mise en place de matériel sobre en énergie pour les usages les plus énergivores du quotidien – LED, armoires frigorifiques avec portes (pour les commerces), radiateurs à inertie certifiés NF, menuiseries performantes, etc.
Pour soutenir financièrement l’équipement des ménages et des entreprises, le Gouvernement a d’ailleurs réactivé un dispositif d’aide à l’achat de petits équipements créé dans le cadre du Plan de relance économique post-COVID et piloté par la Mission pour la Transition Energétique (MTE) plafonné à 3 000 euros. L’installation de Pompes à chaleur collectives en remplacement de chaufferies bénéficie aussi d’une subvention à hauteur de 30% du prix de l’équipement et des études d’exécution.
Un bouclier tarifaire pour 2023
La principale mesure du plan gouvernemental est incontestablement le bouclier tarifaire appliqué depuis le 1er janvier 2023, pour un an, afin de réduire la facture énergétique des particuliers et des acteurs économiques de Monaco. En l’absence de bouclier tarifaire, « l’augmentation du tarif de l’électricité (serait) en moyenne de + 75 % pour les particuliers et de + 90 % pour les grandes entreprises », a rappelé le Ministre d’Etat Pierre Dartout.
Différents taux sont en vigueur: 15% pour les particuliers et les petites entreprises (tarif bleu), jusqu’à 35 % pour les moyennes et grandes entreprises (tarif jaune) et 45% pour les plus gros consommateurs privés et publics (tarif vert). Ce bouclier tarifaire représente une enveloppe de 30 millions d’euros pour l’État monégasque.
Milena RADOMAN
