L’intégration de l’Intelligence Artificielle (IA) dans les processus de compliance révolutionne la gestion des risques et la conformité réglementaire.
La conformité, issue des conventions de Bâle et Bâle II, est incontestablement l’un des défis majeurs du secteur financier. Selon une étude de 2024 de LexisNexis Risk Solutions, son coût total en matière de criminalité financière dans la région EMEA (Europe, The Middle East and Africa) a atteint 85 milliards de dollars. « Au cours des 12 prochains mois, 81 % des institutions financières chercheront en priorité à réduire les coûts de leurs programmes de conformité. Elles sont confrontées à une charge de travail croissante en matière de filtrage, à mesure qu’augmente la difficulté de suivre le rythme auquel évolue l’environnement complexe des sanctions, le nombre d’alertes de filtrage augmentant avec les volumes de paiement pour 78 % des organisations de la région EMEA », note l’étude.
Et pour optimiser les coûts, les institutions financières ont bien perçu les avantages de l’IA. Grâce à ses capacités d’automatisation et d’analyse, cette technologie peut être utilisée pour améliorer le KYC (Know Your Customer) et vérifier les identités de chaque partie prenante à une opération bancaire. Elle permet de passer au crible les données et d’identifier des schémas ou des informations suspects, et de détecter automatiquement les fraudes et les transactions indiquant un blanchiment. « L’IA est devenue essentielle pour optimiser la gestion des risques et répondre aux besoins des entreprises en matière de conformité. Le secteur bancaire est en première ligne face à des exigences de conformité de plus en plus strictes », soulignait Jean-Yves Oufrani, expert cybersécurité chez MVE lors du WealthTech 2024. La société monégasque, certifiée PASSI par l’Autorité monégasque de sécurité numérique (AMSN), commercialise un outil de CleverChain qui analyse les données et produit des rapports de conformité. Ce qui permet d’alléger la tâche de l’officier de compliance. « L’officier de conformité gagne un temps précieux en réduisant plusieurs heures de travail manuel à quelques minutes grâce à l’analyse automatisée. Il peut si nécessaire approfondir les résultats fournis par l’IA », indique Jean-Yves Oufrani, rappelant que « le rôle de l’officier est très important parce que s’il se trompe, il peut mettre en péril la réputation de sa société qui risque de de grosses amendes à payer ou peut-être même des poursuites judiciaires… » Ce logiciel fournit aussi des informations concernant les lois et les politiques de sécurité (très variables selon les établissements et leur implantation). Pour savoir par exemple, si une personne politiquement exposée a le droit d’effectuer un virement de X milliers d’euros entre tel pays et tel pays. Ou si les règles de la société permettent cette opération et quelle diligence il faut mener.
