Pour l’économiste Christophe Barraud, la situation internationale reste “extrêmement agitée et volatile”.
Difficile de faire des prévisions économiques en ce moment, même pour les meilleurs… « J’ai quand même dit que Donald Trump serait élu, c’est déjà ça ! » plaisanteChristophe Barraud, régulièrement désigné meilleur prévisionniste au monde par Bloomberg pour la Chine, les Etats-Unis et la zone Euro. Invité par le Monaco Economic Board*, le Chef Economiste et Stratégiste chez Market Securities et Directeur Général de sa succursale monégasque a livré son analyse de la conjoncture internationale devant plus de 80 dirigeants. En Chine, « le premier trimestre 2025 a été plutôt bon (5,4% de croissance) ». Consommation robuste, effets positifs de la politique de relance gouvernementale, y compris sur le tourisme, et ce malgré la menace américaine sur exportations… La Chine a pris un nouveau cap, avec de plus « un rebalancement sectoriel de l’industrie vers les hautes valeurs ajoutées qui s’accélère » (véhicules électriques, drones, etc.). Et l’immobilier, “l’un des principaux freins de l’économie depuis bientôt cinq ans, commence à émettre des signaux positifs”, jugeChristophe Barraud, optimiste. D’autant qu’un premier accord entre les deux premières puissances mondiales vient d’être conclu, ce qui devrait éviter aux Etats-Unis de rentrer en récession.
« Importations stratosphériques » aux Etats-Unis
Outre Atlantique, le PIB s’est contracté de 0,3% au premier trimestre 2025, en raison d’un déficit commercial aggravé et « d’importations stratosphériques », les acteurs économiques ayant anticipé la flambée des droits de douanes. Christophe Barraud préfère se concentrer sur le cœur de la croissance, «relativement satisfaisant », qui prend en compte la consommation et les investissements (2,6%). Faut-il espérer un rebond ? « De nouvelles annonces de droits de douanes sectoriels sont attendues, ça va rester volatil » prévient l’économisteconscient que le Président Trump qui a vu sa côte de popularité chuter devrait assouplir ses positions et annoncer des baisses d’impôts pour relancer la consommation impactée par le retour de l’inflation.
En Europe, l’économiste voit deux raisons qui vont éviter à la zone euro de s’écrouler.D’abord « une politique monétaire beaucoup plus accommodante » avec une baisse des taux qui favorise les crédits privés et donc la croissance. Mais surtout des fonds débloqués pour la défense qui devraient soutenir l’activité. « On parle de 800.000 milliards d’euros sur les quatre prochaines années ! » L’Allemagne compte, elle, stimuler par des mesures fiscales des investissements vers les infrastructures, pour 500.000 milliards d’euros sur 12 ans.Si l’année 2025 s’annonce difficile, la locomotive économique européenne devrait redémarrer assez nettement en 2026 pronostique le prévisionniste.
*La conférence est organisée en partenariat avec Monterra Wealth Management.