Spécialisé dans l’aéronautique, le spatial ou encore le ferroviaire, le groupe Studiel ne connait pas la crise. Son antenne monégasque surfe sur la transition numérique de la Principauté.
Il y a 30 ans, Jean-Pierre Savarino créait Studiel à Villeneuve-Loubet. Aujourd’hui, le groupe compte 9 implantations en France et a ouvert des agences en Europe, à Monaco, au Royaume-Uni et en Espagne. Bureau d’études spécialisé dans l’électronique, le groupe a développé une activité conseil au début des années 2000. « A cette époque, des clients nous ont demandé de les aider à passer le cap industriel. Au-jourd’hui, la répartition du chiffre d’affaires entre ces deux activités – soit 12 millions d’euros – est de 50/50. Que ce soit pour une petite start-up ou une multinationale, quand on conçoit un objet, on pense au pro-cess de fabrication et à l’industrialisation du produit. Le produit doit être réalisable à une échelle industrielle à un coût intéressant… » commente David Garbarino, directeur commercial de Studiel Monaco Engineering et directeur général du groupe Studiel. Et des multinationales, Studiel en compte plusieurs dans son portefeuille de clientèle. Après avoir travaillé avec Texas Instrument, le groupe, spécialisé dans l’électronique de maintenance avec de la technologie embarquée, la mécanique, ou encore l’IT, a signé des accords-cadres avec Thales Alenia Space, Airbus, Siemens ou encore Naval Group.
« Côté secteurs, on balaye ainsi l’aéronautique, le spatial et le ferroviaire. Nous travaillons sur de nombreux projets dans le secteur de la défense. On fabrique par exemple des cartes et des coffrets embarqués sur le terrain, sur des avions de chasse ou véhicules blindés. » Homologué confidentiel défense, Studiel avait contribué à l’élaboration par Thales du premier satellite monégasque MonacoSat (devenu Turkmensat), lancé à Cap Canaveral en avril 2015… Il planche dorénavant sur le projet Sentinel 3, une série de satellites d’observa-tion de la Terre de l’Agence spatiale européenne développée dans le cadre du programme Copernicus. « Nous sommes particulièrement performants dans une activité de niche: la justification des conduits de fluide sur les satellites, indispensable pour éviter les fuites dans l’espace (le tubing) », ajoute le DG.
Une stratégie numérique
Collaborant depuis des années avec le groupe Single Buoy Moorings Offshore, spécialisé dans les solutions d’extraction du pétrole, Studiel a décidé de s’implanter en principauté en 2020. « Single Buoy Moorings était notre troisième client. On s’est servi de la crise du Covid-19 pour lancer de gros projets, comme la certification QUALIANOR, pour de nouveaux marchés du Nucléaire, Studiel étant déjà ISO 9001, afin d’être performant au moment de la reprise. Ainsi, nous nous sommes restruc-turés et avons changé nos méthodes de travail grâce à une véritable transformation digitale. Nous avons mis en place une politique zéro papier et digitalisé nos process de validation. Enfin, nous avons couvert cette antenne monégasque pour nous positionner sur un marché axé sur la transition numérique », explique David Garbarino. Une stratégie payante puisque le marché monégasque représente aujourd’hui 10% du chiffre d’affaires global. Studiel compte ainsi parmi ses clients Marss, spécialisé dans la surveillance des zones aéroportuaires.
Depuis la crise, le groupe, qui compte 180 collaborateurs1, « est reparti en mode croissance », avec plus de 80 recrutements sur un an. « On a plus de 300 demandes de projets à la semaine en ce moment. L’activité est forte, la seule denrée rare, ce sont les collaborateurs or c’est le nerf de la guerre… Il existe une pénurie de candidats et la concurrence est féroce. On recherche sur le territoire France-Monaco des profils d’opérateurs, de techniciens et d’in-génieurs, en gestion de projet, calcul et conception… », note l’ingénieur des Arts et Métiers. Pour l’heure, la société ne semble guère impactée par la crise ukrainienne. « Nous avions eu plus d’impact avec l’arrêt du projet militaire australien en tant que sous-traitant de Thales et Naval Group », observe David Gar-barino. Rappelons selon ce « contrat du siècle », la France devait doter l’Australie de sous-marins Barracuda à propulsion diesel-électrique pour un montant de 34 milliards d’euros, engageant Naval Group sur une durée de 25 ans…
- Dans les métiers de l’électronique, de la mécanique, de l’informatique ou encore de la production…
Miléna RADOMAN