La pandémie de Covid-19 est la crise sanitaire mondiale la plus récente. Quels enseignements ont été tirés de sa gestion ? Quels sont les points forts à garder et les écueils à éviter ? Nous avons posé la question au département des Affaires sociales.
Avant la pandémie de Covid-19, le monde avait déjà connu d’autres crises sanitaires. Pendant des siècles, la peste a terrifié les Européens. La pandémie de 1347 a frappé l’ensemble des pays de la planète, décimant au passage la moitié de la population européenne. Une première fois dans l’histoire du monde! La grippe espagnole a fait entre 25 et 40 millions de morts d’avril 1918 au printemps 1919, soit davantage de victimes que celles causées par la terrible guerre des tranchées qui sévit tout en même temps… Comment oublier la mortalité de ces épidémies et l’impuissance des autorités et des médecins à les endiguer?
Il n’empêche que la crise sanitaire consécutive à la propagation du corona-virus dans le monde restera dans les annales. Cette crise totale aura mis la planète entière en arrêt total avec un confi nement mondial inédit, empêchant ou limitant – sur autorisation – les activités les plus quotidiennes… « L’Etat a dû prendre en charge l’organisation de l’espace public, professionnel, voire familial, des transports en commun − en décidant d’envoyer les enfants à l’école ou non. La gestion de la crise a exigé une coproduction de l’Etat avec les agents privés − ménages et entreprises −, et de l’ensemble des personnels de santé », analyse ainsi l’économiste français Daniel Cohen. Qu’en est-il à Monaco ? « La crise sanitaire du Covid19 a été un accélé-rateur d’apprentissage et un élément révélateur sur plusieurs domaines. Environ 600 millions de cas ont été rapportés dans le monde depuis le début de la crise dont plus de 14 500 en Principauté, soit plus du tiers de la population locale. Face à cette ampleur inédite, la Principauté a dû s’adapter et faire preuve d’innovation et de réactivité en mettant en place des dispositifs d’accompagnement destinés aux monégasques, aux résidents et aux salariés », juge le Conseiller de Gouvernement-Ministre des Affaires sociales Christophe Robino. Avant de saluer l’action de son prédécesseur Didier Gamerdinger, pour « mettre en place, dans des temps records compte tenu de l’urgence de la situation, des structures spéci-fi ques qui ont indéniablement permis de ne pas encombrer les circuits hospitaliers ». Centre d’appels Covid-19, joignable 7 jours/7, cellule de suivi des patients à domicile, cellule d’enquêtes épidémiologiques, ayant « aidé à casser les chaînes de contamination en déterminant les circonstances de contamination (foyer, école, milieu professionnel, etc.) et en isolant les cas contacts à risques afin d’anticiper d’éventuels clusters », centres nationaux de dépistage et de vaccination qui « ont permis à la population et aux salariés de Monaco de se faire dépister ou vacciner sans avance de frais, dans des délais très courts »…
« Monaco a pu mobiliser des fonds importants »
Autres enseignements de cette crise: « Les outils numériques ont contribué à aider et à renseigner les habitants, les travailleurs et les voyageurs souhaitant se rendre à Monaco. Un site internet dédié au covid19, a été un lien transparent et permanent d’informations sanitaires, économiques et sociales. Il permet de répondre aux questions de la population et d’y trouver toutes les informations en temps réel », estime Christophe Robino, selon qui « la Principauté a bénéfi cié des bons réflexes de la population résidente, de la responsabilité individuelle de chacun et du respect des recommandations dans un état d’esprit bienveillant et d’entraide ».
Selon le conseiller, en cette période de crise, « grâce à un équilibre financier pérenne, Monaco a pu mobiliser, sans contrainte de délais, des fonds importants pour la réorganisation des structures de soins et des mesures de protection de l’économie dans l’urgence pour les entreprises et les employeurs. Notre autonomie d’action sur le plan financier a permis de maintenir un équilibre sanitaire, économique et social, et ainsi de pouvoir accompagner les acteurs économiques ». Monaco a su réorganiser ses structures de santé : la coordination entre les cliniques privées de Monaco et le Centre Hospitalier Princesse Grace, responsable de la filière soin hospitalisation, a permis de maintenir la même qualité de soins, pour tous, malgré un contexte pandémique. « Les établissements de santé ont fait preuve d’une solidarité et d’une éthique remarquables. Ils ont réinventé leur mode de prise en charge, leur participation a été collective, avec des équipes impliquées et en appui du dispositif d’accompagnement étatique ». Pour autant, cette crise aura « également mis en lumière certaines faiblesses », reconnaît le membre du gouvernement: « La petite taille de notre territoire implique a fortiori une dépendance aux autres Etats pour l’acquisition d’équipements. La Principauté a connu des diffi cultés d’approvisionnement en masques, ne disposant pas de fi lières sécurisées en début de crise, à la différence de grands Etats qui étaient en situation plus favorable. » Mais pas question de voir le verre à moitié vide: « Monaco a su tirer parti de son potentiel local, en sollicitant des fournisseurs sur le territoire qui ont produit des équipements performants pour l’ensemble de la population, dans des délais restreints. L’administration de la Principauté, de taille modeste, a dû faire face à cette situation exceptionnelle avec ses moyens propres. Les effectifs des services de l’Etat comme des intervenants santé de la Principauté n’avait pas de précédents dans la gestion d’une telle crise. Chacun a dû se réinventer et déployer une énergie positive afi n de prendre les bonnes décisions dans des temps records », conclut le Conseiller-Ministre.
Milena RADOMAN