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Les crédits biodiversité : « pas une solution miracle mais une voie prometteuse »

Ils sont les cousins des crédits carbone. L’institut océanographique Albert Ier de Monaco soutient les crédits biodiversité. 

Les crédits biodiversité ont le vent en poupe. Ils sont en passe de devenir l’un des principaux mécanismes pour fixer le prix de la nature.

Tout est parti de la signature du Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal (CMB)*. En décembre 2022, près de 200 pays signent un accord stratégique pour inverser la perte de biodiversité avec une feuille de route encourageant le déblocage de fonds par le biais de « systèmes innovants, tels que les compensations et les crédits en faveur de la biodiversité » d’ici 2030. Biocrédits, certificats biodiversité, crédits nature… Plusieurs noms ont circulé mais tous renvoient au même concept d’unités vérifiables, quantifiables et échangeables de biodiversité restaurée ou préservée sur une période déterminée. Le potentiel est évalué à « 2 milliards de dollars en 2030 » et de « 6 à 69 milliards d’ici 2050 » selon le Forum économique mondial.

L’IAPB au BEFF

En 2023, un panel international, baptisé IAPB (International Advisory Panel on Biodiversity Credits), s’engouffre dans la brèche. Une initiative indépendante co-présidée par Sylvie Goulard, ancienne sous-gouverneure à la Banque de France, et Amelia Fawcett, administratrice indépendante principale de la State Street Corporation, soutenue par l’Institut océanographique Albert Ier. L’objectif est de se distinguer des crédits carbone et des nombreux scandales afférant. En 2023, une enquête publiée par The Guardian et Die Zeit, menée en partenariat avec l’ONG d’investigation SourceMaterial, avait révélé que plus de 90 % des crédits carbone liés à des projets de reforestation certifiés par Verra, l’un des plus grands organismes de certification, étaient « fantômes » et n’avaient engendré aucune réduction d’émission… « Les crédits biodiversité ne sont bien évidemment pas une solution miracle, mais une voie prometteuse parmi d’autres – à condition d’être rigoureusement encadrés et structurés, pour éviter les erreurs du passé observées avec les crédits carbone. La mise en place d’un tel marché pourrait faciliter les flux financiers vers la protection et la restauration du vivant. Aujourd’hui, nous sommes ravis de passer à la phase de mise en œuvre ! », souligne le Directeur de l’Institut Robert Calcagno, membre actif du panel.

Selon ce cadre présenté lors du Blue Economy & Finance Forum, « les crédits doivent être conçus de manière à apporter des bienfaits mesurables et vérifiés pour la nature, à garantir une participation et des revenus équitables pour les populations et à reposer sur des marchés bien encadrés. » Une trentaine de projets pilotes sont en cours à l’échelle mondiale, pour la préservation d’écosystèmes aquatiques, les herbiers sous-marins au Kenya ou en Australie, des coraux aux Philippines ou encore des mangroves aux Émirats Arabes Unis. « Ces projets pilotes, je l’espère, serviront de fondation sur ces questions de financement de projets de restauration et de protection de nos océans, de la nature et de la biodiversité », a déclaré Emmanuel Macron au BEFF.

Des écologistes divisés

L’idée des crédits biodiversité avance. Au Royaume-Uni, depuis 2024, les projets immobiliers et d’infrastructures doivent s’assurer de 110 % de gain net de biodiversité et peuvent recourir à l’achat de crédits biodiversité pour atteindre ces objectifs. Reste à convaincre les écologistes, divisés sur la question. 239 associations issues du monde entier avaient signé en octobre 2024 une déclaration commune dénonçant« les dangers insurmontables » d’un tel mécanisme de marché, appelant les gouvernements à y renoncer et à « donner la priorité aux changements transformationnels en s’attaquant aux causes sous-jacentes de la perte de biodiversité, notamment en promouvant une réglementation plus stricte des activités nuisibles réalisées par les entreprises ». L’ONG WWF conçoit en revanche les certificats biodiversité comme une opportunité de développer les contributions financières du secteur privé pour la nature. Son fonds Nature Impact « développe ainsi et met en œuvre les meilleures pratiques et principes qui devraient être appliqués à tout projet de crédits ou certificats biodiversité ». Objectif :lever40 millions d’euros en 10 ans.

* sous l’égide de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (CNUDB).

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