Transactions cryptées, transferts de fonds sans banque intermédiaire, offre extrêmement réduite et donc de grande difficulté à les obtenir… Cela ne vous rappelle rien ?
La recherche d’une monnaie stable et indépendante d’un système centralisé a toujours été au cœur des préoccupations et en cela les crypto-monnaies n’ont rien inventé.
En 1453, la prise de Constantinople bloque les routes commerciales terrestres créant l’envolée du prix des épices, en particulier le fameux clou de Girofle qui atteint des sommets.
Bien plus rare que l’or, difficile à se procurer et infalsifiable ; l’idée d’en faire une monnaie étalon était en marche, le « spice-coin » était né. Toutes les puissances européennes et du Monde démarrent alors la ruée vers les épices.
En réalisant le premier Tour du Monde à la voile, la flotte de Magellan ramène en Europe les précieux clous et c’est un succès.
Dès 1520, le clou de Girofle devient une véritable monnaie d’échange mondiale et donne son nom au système de paiement en « espèces ».
Une mesure de clous de Girofle (environ 100 grammes) permettait de s’offrir un cheval, imaginez ce que l’on pouvait acquérir avec le contenu d’un Galion… Et tout cela sans avoir d’intermédiaire.
Cerise sur le gâteau, ce clou de girofle fait également la fortune des « arracheurs de dents » du Moyen-Âge en leur permettant de soulager maux de dents, caries, aphtes, gingivites ou parodontites.
N’ayant plus à édenter systématiquement leur patientèle à l’aide de tenailles rouillées, ils voient leur profession s’enorgueillir du nouveau titre de « Chirurgien-Dentiste ».
Hélas, la belle histoire a pris fin avec la généralisation des compagnies maritimes commerciales qui rendirent le « spice-coin » beaucoup plus accessible et donc moins désirable.
Les algorithmes ont remplacé les bateaux pour assurer les transactions en crypto-actifs, cela retire toute la part de rêve et de parfum que dégageaient ces chargements d’épices…
Jérôme HALIN