Depuis le début du conflit en Ukraine, l’entreprise ALGIZ Security basée à Monaco et Menton a exfiltré plus de 250 familles.
Sascha Kunkel a été sollicité pour des exfiltrations d’Ukraine avant même les premiers bombardements sur Kiev. « Les demandes d’évacuation ont démarré quelques semaines avant le début de l’invasion russe le 24 février. » Depuis, sa société de protection rapprochée ALGIZ Security supervise des missions de secours pour les familles d’hommes d’affaires ou d’employés de sociétés internationales. « Les dernières évacuations sont motivées par des raisons médicales. On a exfiltré une dame qui avait une maladie dégénérative et qui avait besoin d’un traitement. Pour cette personne pla-cée sous oxygène, il a fallu traverser 4 frontières pour rejoindre Bordeaux. Le voyage a duré une semaine… » explique le fondateur d’ALGIZ dont les hommes évacuent à 99% des femmes et des enfants. Les hommes âgés entre 18 et 60 ans ne sont plus autorisés à quitter l’Ukraine depuis que l’état d’urgence a été décrété dans le pays…
Un réseau local essentiel
ALGIZ bénéficie d’un réseau sur place d’agents et d’ONG. « Depuis 2015, on a établi des liens étroits avec des partenaires locaux, des anciens militaires reconvertis dans des sociétés de sécurité. Ils ont la connais-sance du terrain et savent concocter les meilleurs trajets. » Changement d’itinéraire en cas de bombardement ou de fermeture d’une station essence, problème de voiture et de chauffeur, obligation de rouler jour et nuit, difficulté de trouver un médecin dans un pays en guerre prêt à se libérer en 3 jours… « En temps de guerre, il faut s’adapter en permanence. Le danger est partout » note cet ancien légionnaire selon qui la durée du voyage est parfois multipliée par 10. « Cet hiver, on était confronté au froid avec des températures tombant à -10°C, maintenant il faut affronter les vagues de chaleur caniculaires et le manque d’eau. » Pour tracer les opérations, sécuriser en temps réel les missions et prendre les meilleures décisions rapidement, ALGIZ a développé une application géolocalisant ses agents et ses clients. « Elle leur permet d’émettre un signal SOS en cas de problème 24h/24. Les agents sur place peuvent alors intervenir immédiatement » , explique Sascha Kunkel.
Ces missions d’exfiltration ont bien sûr un prix, allant de 1 500 à 50 000 euros. « Tout dépend des moyens déployés. Généralement, les frais sont couverts par des mécènes, des sociétés, des ONG ou des assurances. »
Depuis 2007 à Monaco
Sascha Kunkel est habitué des missions à risque, en Irak ou en Afghanistan. L’Allemand a débarqué pour la première fois à Monaco en 2002. A cette époque, l’ancien béret vert est embauché pour assurer la protection d’une famille allemande. Après un contrat de trois ans en Irak, où il gère la sécurité d’ONG engagées dans la reconstruction du pays, cet expert de la protection rapprochée décide d’y revenir en 2007 pour créer ALGIZ Security. Un groupe de sécurité dont le nom est inspiré d’une rune germanique qui signifie « protection par l’esprit » (et non par la force). « On voulait sortir du cliché du vigile aux bras musclés de boite de nuit… Je souhaitais apporter une offre de conseil structurée. Toute mission commence par un audit du besoin, une identification et une anticipation des menaces et des failles. »
Le moment était idoine : « Avec la flambée du terrorisme et des risques sur tous les fronts liés à l’actualité internationale, les demandes liées à la sécurité ont explosé. » Menaces de mort, implantation d’une filiale dans un pays à risque, attentats… ALGIZ est notamment intervenu pour des sociétés monégasques en Afghanistan, Burkina Faso, Mali, Somaliland, Sénégal et Irak entre autres. Aujourd’hui, le groupe compte 200 collaborateurs (dont 20 à Monaco), pèse 4 millions d’euros de chiffre d’affaires et compte bien se développer. Ses locaux mentonnais, situés dans un complexe de 10 hectares surplombant la ville, abritent depuis peu un centre de formation à la sécurité.
Une association d’Ancien Légionnaires devenus Entrepreneurs
Sascha Kunkel est également à l’origine de l’Amicale Interprofes-sionnelle des Anciens Légionnaires Entrepreneurs basée dans le 06 et comptant plus de 80 membres sur les 5 continents. « Ses 80 membres actuels font 80 métiers différents. Ils sont chasseurs professionnels, créateurs de lunettes, cinéastes, logisticiens… L’objectif est de favoriser l’entreprenariat et de créer un lien voire des partenariats entre ces anciens militaires et d’autres entrepreneurs », explique le fondateur d’ALGIZ.
Miléna RADOMAN