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Accademia Fine Art : « Nous sommes des chasseurs d’objets rares »

Fondée en 1999 par Joël Girardi, Accademia Fine Art s’est imposé dans le marché de l’art monégasque. A l’affut de perles rares…

A l’angle du boulevard des Moulins et de l’avenue Saint-Laurent, l’entrée est discrète, presque cachée. Mais franchir la porte d’Accademia Fine Art, en pleine préparation de vente aux enchères, c’est un peu comme pénétrer la caverne d’Ali Baba. Sur le sol, une sculpture d’Arman crève l’œil : une pièce unique de violon découpé. Dans le fond, de nombreux sacs de marque étiquetés de toutes les couleurs attendent qu’on les répertorie, photographie et valorise dans le catalogue de vente. Dans un coin de la pièce trône un magnifique vase en porcelaine de 3 mètres de hauteur… « C’est un vase au bleu cobalt exceptionnel, l’un des plus grands au monde réalisé pour l’Exposition universelle de Chicago en 1894 et la pièce maitresse du pavillon allemand à celle de Paris en 1900. Le roi de Belgique, Léopold II, l’a acheté, et il l’a amené dans sa villa Les Cèdres à Cap Ferrat », raconte Joël Girardi, le fondateur de cette salle de ventes historique de la Principauté, rappelant ainsi que chaque objet a son histoire.

Les temps changent

Accademia Fine Art organise des ventes aux enchères publiques depuis 1999. Sous la houlette de cet enfant du pays, qui s’est familiarisé au monde de l’Art avec les Compagnons de France, en Avignon, dès 16 ans. Après avoir poursuivi ses études à l’Instituto per l’Arte e il Restauro de Florence, et à l’Ecole des Antiquaires de Paris, ce méditerranéen poivre et sel aux yeux bleus a dirigé plusieurs Galeries à Rome, Milan et Monaco. Spécialisé dans la peinture et les sculptures de Maîtres Anciens, Joël Girardi avoue avoir une prédilection pour la période de la Haute Renaissance, maniériste et baroque. Mais la salle de ventes n’a aucune barrière, aucune limite. Art contemporain, design, joaillerie, maroquinerie, vins, belles voitures… D’autant que les goûts des acheteurs changent, au fil du temps et des modes. « Il y a un changement d’époque, de génération. Les gens ne veulent plus vivre avec des meubles anciens, des bois foncés, des tableaux de l’époque caravagesque très sombres, des sujets religieux, des crucifixions, des saints et des madones… Il est évident qu’aujourd’hui, on a besoin de beaucoup plus de légèreté, de matériaux qui reflètent notre époque. C’est-à-dire qu’on va utiliser beaucoup plus de plexiglas, de verre, d’aluminium, de métal chromé ou doré. Le design d’après-guerre, des années 60-70, revient à la mode, parce que ce sont des matériaux qui étaient déjà très modernes pour l’époque. »

L’épuré à la mode

Et les modes ne dépendent pas forcément du prix. « Aujourd’hui, de moins en moins de gens sont attirés par un joli dessin du 18e siècle valant 100 euros, préférant acheter une table en plexiglas à 5 000 euros. Tout change, ce qui était faux hier est devenu vrai et ce qui est vrai est devenu faux… » Certains meubles anciens français du XVIIIe siècle qui s’arrachaient à 5 000 euros il y a encore quelques années ne trouvent plus preneurs… Exit « la tendance, comme à l’époque du Biedermeier (caractéristique de l’Art allemand du XIXème siècle, bourgeois, confortable, replié sur soi), de remplir ses maisons de meubles et de petits tableaux accrochés à une belle tapisserie. Aujourd’hui, on est très épuré dans les décorations et on met pratiquement plus d’œuvres au mur, hormis une très belle sculpture ou une très belle œuvre d’art asiatique qui se mélange avec le décor contemporain », analyse Joël Girardi. « Les grandes baies vitrées ont remplacé les petites fenêtres, et réduit d’autant l’espace d’accrochage au mur », ajoute l’expert, nostalgique d’un savoir-faire artisanal disparu. « Aujourd’hui, tout est pratiquement industrialisé. Alors qu’à une certaine époque, lorsqu’ils réalisaient des fresques à Florence, les jeunes artistes peignaient les plafonds symétriquement avec deux pinceaux, un dans chaque main… »

Trouver la perle rare

Chez Accademia Fine Art, les ventes sont effectuées à partir des produits qui viennent de succession, de maisons ou de particuliers. C’est le rôle de Joël Girardi de dénicher des perles, grâce à la confiance tissée après des années de relations. « Nous sommes des chasseurs de l’objet rare. On rentre dans une maison, nos yeux font déjà immédiatement un parcours à 360 degrés, et on va directement chercher la petite pépite cachée… Il y a parfois des découvertes inattendues… », confie le passionné, qui se souvient encore d’une « Vierge à l’Enfant avec saint Jean-Baptiste » de Bernardo Strozzi, dit “il Capucini Genovese”, vendue 315 000 euros, d’une toile de Jacob Jordaens, un élève de Rubens, vendu 1 million d’euros ou encore d’un collier de perles fines à 1 350 000 euros ! « Pour les œuvres très rares, muséales, le marché est très élevé, car il en reste très peu sur le marché… »

Quand l’Etat fait jouer son droit de préemption…

Attention, dans une vente aux enchères, le dernier enchérisseur n’est jamais sûr de pouvoir partir avec la pièce… Conformément à la loi (Article 2-1 loi n°1.014 du 29/12/1978), l’État monégasque dispose d’un droit de préemption sur les œuvres vendues aux enchères publiques dans la Principauté de Monaco, immédiatement après le coup de marteau. « C’est-à-dire que l’État se substitue au dernier enchérisseur, sans enchérir lui-même. L’État ne fait donc pas monter le prix de la vente », explique Joël Girardi. Concrètement, « si la personne représentant l’État vient discrètement en salle, elle se lève une fois que l’adjudication est prononcée, et porte son droit de préemption à la connaissance de l’huissier. La préemption est alors mentionnée au procès-verbal et doit être confirmée dans les 15 jours après la vente. En l’absence de confirmation, le lot revient au dernier enchérisseur. « Ce cas de figure nous est déjà arrivé, commente le fondateur d’Accademia Fine Art. L’État a fait jouer son droit de préemption pour acquérir des documents d’intérêt du patrimoine culturel monégasque. »

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