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Association d’Aide aux Victimes d’Infractions Pénales: une décennie d’engagement au service des victimes

Depuis 2014, l’association d’Aide aux Victimes d’Infractions Pénales (AVIP) de Monaco s’efforce de briser l’isolement des victimes en leur offrant un soutien complet et gratuit. Une mission essentielle portée par Valérie Campora-Lucas et son équipe, qui luttent chaque jour pour accompagner, écouter et protéger celles et ceux confrontés à la violence et à l’injustice. Retour sur dix années de combat et d’actions concrètes.


Fondée en 2014, l’association d’Aide aux Victimes d’Infractions Pénales (AVIP) incarne une avancée importante pour la Principauté de Monaco. Cette structure voit le jour à la suite de la promulgation de la loi n°1382 de 2011, visant à mieux prévenir et réprimer les violences spécifiques, en particulier les violences conjugales. « À l’époque, Monaco accusait un certain retard en matière de prise en charge des victimes », explique Valérie Campora-Lucas, directrice de l’association depuis ses débuts. « La loi a instauré la nécessité d’un dispositif global pour protéger et soutenir les victimes d’infractions pénales, au sens large. La mission de l’AVIP ne se limite pas aux violences conjugales. Elle englobe toutes les formes d’infractions : agressions, harcèlement, coups et blessures, mais aussi accidents de la route ou vols. Pour ces victimes, le soutien proposé est pluridisciplinaire : aide juridique, soutien psychologique et accompagnement social. « Chaque cas est unique et nécessite une approche spécifique », souligne Valérie Campora-Lucas. La gratuité de ces services, offerte sans conditions, est l’un des piliers de l’association. « Nous voulons que chaque personne se sente entendue, épaulée et protégée. »

Un parcours semé dembûches et de progrès


À ses débuts, l’AVIP doit composer avec des moyens limités. « Entre 2014 et 2017, nous fonctionnions de manière quasi informelle, faute de locaux adaptés et de personnel suffisant », se rappelle la directrice. Le manque de visibilité rendait difficile l’accès aux services pour les victimes. Cependant, la situation évolue en 2018 grâce à des subventions gouvernementales, permettant de louer un premier local et de recruter des thérapeutes. « Ce soutien institutionnel a marqué un tournant décisif. Enfin, nous pouvions offrir un espace d’accueil digne de ce nom », affirme Valérie Campora-Lucas. L’année 2020 marque une nouvelle étape avec l’emménagement dans des locaux plus spacieux, adaptés aux besoins croissants de l’association. Cette montée en puissance se traduit par une augmentation de la fréquentation. « Notre travail, malheureusement, ne cesse de croître. Mais nous voyons cela comme un signe que les victimes osent enfin demander de l’aide. C’est un pas crucial et nécessaire. »
La particularité de l’AVIP réside dans sa capacité à adapter son soutien à chaque situation. « Nos locaux sont ouverts sept jours sur sept, et nous restons disponibles par téléphone de 7 h à 22 h », précise Valérie Campora-Lucas. En cas d’urgence, l’équipe fait preuve d’une flexibilité totale. « Si une personne appelle à 23 h ou 1 h du matin et exprime une détresse importante, nous la recontacterons très rapidement. »

Un accueil et un soutien sur mesure


L’accueil des victimes commence par un premier contact téléphonique, suivi de rendez-vous dans un espace sécurisé. « Nous insistons sur la confidentialité, assure la directrice. Chaque rendez-vous est prévu de manière à éviter que les victimes ne se croisent. Cela leur permet de se sentir en confiance. » Cette attention portée à la confidentialité se prolonge dans les consultations avec les thérapeutes, qui peuvent durer plusieurs heures lors des premières rencontres. « Il est fondamental de laisser du temps à chacun pour s’exprimer sans contrainte », ajoute-t-elle. L’aide apportée par l’AVIP va bien au-delà de l’écoute. En cas de situation d’urgence, l’association peut loger temporairement les victimes dans des hôtels ou des appart’hôtels avant de relayer leur dossier aux services sociaux de la Principauté pour une prise en charge plus pérenne. « Tout se fait avec l’accord de la victime. Respecter sa volonté et son consentement est au cœur de notre démarche », explique Valérie Campora-Lucas. « Nous engageons aucune démarche sans l’accord de la personne. C’est primordial de laisser le choix. »
Le volet juridique est également important. « Nous les aidons à remplir des demandes d’aide judiciaire, à trouver des avocats, à naviguer dans les démarches administratives. Beaucoup de nos bénéficiaires sont des femmes seules, souvent étrangères, qui ne maîtrisent pas la langue. Notre objectif est de les accompagner à chaque étape », précise-t-elle. L’association entretient des liens étroits avec la sûreté publique, le parquet et le Centre Hospitalier Princesse Grace (CHPG). « Chaque interaction se fait dans le respect absolu de la volonté de la victime », tient à rappeler Valérie Campora-Lucas.

Un défi de sensibilisation permanent


Malgré ses progrès, l’AVIP doit encore lutter contre une certaine méconnaissance. « Beaucoup ignorent encore notre existence. Pour y remédier, nous avons renforcé notre présence en ligne et sur les réseaux sociaux, tout en veillant à préserver la confidentialité des victimes », explique Valérie Campora-Lucas. Cette communication est essentielle pour briser la solitude des victimes et leur montrer qu’une aide existe. L’anonymat est une priorité pour l’association. « Lorsqu’une personne nous contacte, nous demandons simplement un prénom. Si elle souhaite révéler davantage d’informations par la suite, cela se fait à son rythme. » L’association dispose de deux entrées discrètes dans un immeuble partagé, permettant aux visiteurs de passer inaperçus. « Ce cadre a été pensé pour protéger la vie privée de chacun », insiste-t-elle. L’AVIP se veut également un point de contact pour les témoins ou proches de victimes. « Il est important de savoir que même si l’on n’est pas directement concerné, mais que l’on connaît quelqu’un dans une situation de détresse, on peut nous contacter pour obtenir des conseils. Le tout restera confidentiel », souligne une nouvelle fois la directrice de l’association d’Aide Aux Victimes d’Infractions Pénales. En offrant ce service, l’association s’engage à tendre la main à tous ceux qui se sentent isolés face à la violence.
Pour Valérie Campora-Lucas, diriger l’AVIP est bien plus qu’un métier, c’est un engagement de chaque instant. « La douleur des victimes, c’est ce qui nous motive à donner le meilleur de nous-mêmes, chaque jour. » Avec son équipe, elle œuvre sans relâche pour que chaque victime soit entendue, soutenue et protégée. « La reconnaissance que nous recevons, même discrète, est le moteur de notre action », conclut-elle avec détermination.

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