Dans les prochaines décennies, Monaco va poursuivre sa mue. Le micro-Etat a multiplié les métamorphoses depuis la création de Monte-Carlo…
Difficile d’imaginer aujourd’hui à quoi ressemblait le plateau des Spélugues avant la naissance de Monte-Carlo… Sur cette terre aride et sauvage s’élevaient oliviers et caroubiers et une poignée d’arbres fruitiers. Tout changea au 19e siècle lorsque le Prince Charles III impulsa la transfor-mation de cette partie du territoire monégasque en un lieu de villégiature et de jeux pour la noblesse et la grande bourgeoisie européennes, avec palaces et casino…
Depuis lors, Monaco n’a eu de cesse de se métamorphoser, avec une mutation progressive de tous les quartiers, de la Condamine au Larvotto. La Principauté a également poussé les murs et étendu son territoire. Un impératif pour ce petit Etat de 202 hectares, coincé entre mer et montagne – initialement de 160 hectares au XIXe siècle –, pour lequel le relief est une contrainte importante. Sur le Rocher, la vieille ville culmine ainsi à une altitude 60 m, alors que la ville nouvelle s’étage de 0 à 160 m, au flanc du Mont Agel.
C’est par la mer que la Principauté a gagné de l’espace. « La première extension en mer date de 1907 et touche la baie de Fontvieille, explique Séverine Canis, à la tête de la Direction de la Prospective et de l’Urbanisme. La plage historique est remblayée pour permettre le départ du premier âge industriel de Monaco (dont la première usine d’incinération), ainsi que l’aménagement de son premier stade de football. Cette extension a permis la création du premier port de Fontvieille, d’une capacité réduite. Elle représente 6,2 ha, pour une emprise bâtie existante de 41 980 m². Cette opération reste la plus dense des extensions en mer avec 249 550 m² de surfaces utiles réalisées aujourd’hui sur ce terre-plein. » S’en suivront les extensions maritimes de 1910 (avec la réorganisation des quais et les appontages du Port Hercule), des années 1960-1970 (le réaménagement du littoral entre le Portier et la frontière de Roque-brune-Cap-Martin et la création de la presqu’ile du Larvotto), et bien sûr entre 1966 et 1973, du nouveau terre-plein gagné sur la mer, Fontvieille (avec la réalisation du Stade Louis II, de logements, du Centre Commercial de Fontvieille et de l’héliport). « Le quartier mettra plus de 30 ans à se constituer jusqu’à la livraison du Centre Commercial de Fontvieille en 1993, avec la dernière opération de logements, Le Magellan, qui sera lancée en 2004. Cette vaste opération autorise une extension du territoire monégasque de plus de 22 ha. Sur ce nouveau quartier, 87 240 m² d’emprises bâties nouvelles sont créées, et ce sont 350 230 m² de surfaces utiles en superstructures qui sont finalement édifiées. Ces surfaces utiles représentent plus de 11 % des surfaces de plancher de la Principauté.» Le nouveau quartier Mareterra, livré d’ici 2025, s’inscrit dans cette tradition d’agrandissement du territoire monégasque.
Sous terre
Par le passé, Monaco a également gagné des m2 sous terre. Notamment avec la mise en souterrain de la voie ferrée, qui a démarré au début des années 1960, avant de reprendre à la fin de la décennie 1990, avec le transfert de la gare dans le profond vallon de Sainte-Dévote (et ses 13 niveaux de parkings)… Mais surtout avec l’urbanisation des « délaissés SNCF ». A partir de 1999, la déviation souterraine de la voie SNCF à Monaco va autoriser une vaste opération de couture urbaine, d’implantation de nouvelles constructions publiques et privées, et d’amélioration du réseau urbain de la Principauté. 135 000 m2 de planchers vont voir le jour sur les 4 ha récupérés. Tous ces programmes de construction ont changé en profondeur la configuration de Monaco. Et ce n’est qu’un début…
Miléna RADOMAN
