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Priorité à la mobilité

Pour rester attractive et poursuivre sa croissance, la Principauté doit trouver les moyens de « contenir le trafic automobile » et pouvoir compter sur un TER efficace. C’est l’enjeu de son plan mobilité et de la décennie à venir.

On l’attendait depuis des mois. Le 7 février, le Ministre d’État Pierre Dartout et la Conseillère de Gouvernement-Ministre de l’Équipement, l’Environnement et l’Urbanisme, Céline Caron-Dagioni ont dévoilé les grands axes du plan mobilité monégasque. Pas de révolution mais des propositions « réalisables, finançables et efficaces » selon le Gouvernement. « Ce sont des opérations qui ont fait l’objet d’une maturation assez longue, ont nécessité des arbitrages pour répondre correctement aux besoins qui s’expriment à la fois sur l’accès à la Principauté et sur la circulation intra-muros », estime le Ministre d’État Pierre Dartout, revendiquant d’« être à l’écoute de la population, des salariés et des chefs d’entreprise ». Car la population, surtout des pendulaires, en a marre de l’asphyxie liée aux bouchons aux heures de pointe et à la saturation de TER bondés, le phénomène s’aggravant chaque année à partir d’avril et des Rolex Masters… Et ce même si, selon les chiffres officiels, il y aurait moins de véhicules entrants en Principauté. Étonnamment, le Centre Intégré de Gestion de la Mobilité (CIGM) comptabilise 98 392 passages en 2023 alors que depuis 2010, ils oscillaient entre les 103 000 et 107 000 entrées et sorties journalières de véhicules à l’année. Comment sont-ils recensés aux entrées et sorties de la Principauté ? « Le CIGM s’appuie sur 19 points de comptage utilisant des boucles implantées sous les enrobés pour calculer la densité (nombre de véhicules entrant et sortant quotidiennement). Ces boucles permettent de compter les véhicules et assurent l’analyse de l’état du trafic (fluide ou saturé) », précise le Département de l’Équipement, l’Environnement et l’Urbanisme (DEEU) *.

Satisfaction du Conseil National

Sentiment « contre-intuitif » ou pas, améliorer le trafic est une nécessité pour l’attractivité du pays. Pour y arriver, le “plan mobilité” mise sur le « maillage, la complémentarité des solutions en fonction des usages, des cibles et des populations ». Projet d’un parking de dissuasion voire d’une liaison expresse à la Brasca, mise en place de parkings-relais avec des mesures incitatives tarifaires, modification du réseau de bus avec l’expérimentation de lignes directes et de transport à la demande, et surtout intensification du cadencement des TER dès la fin 2024, selon la Région Sud… sont autant de mesures en route ou programmées (que nous détaillons dans ce dossier). « Il n’y a pas une solution magique. (…) Si on canalise tous les véhicules entrants dans des zones périphériques, ce sont autant de véhicules qui ne n’impactent pas le réseau urbain de la Principauté, déjà souvent embolisé », rappelle Céline Dagioni qui sait que « la vraie et seule solution efficace et décarbonée, et qui draine un nombre important de voyageurs, c’est le TER ».

Au niveau de la circulation intramuros, « une évaluation du réseau d’autobus est en cours par un bureau d’étude spécialisé. Cette analyse a pour but d’obtenir un avis externe concernant l’efficacité de notre réseau de transport en commun, afin d’examiner si des évolutions des lignes du réseau seraient pertinentes. Un audit du schéma de circulation est également en cours », ajoute le DEEU. En revanche, le plan mobilité semble avoir écarté certains projets.  Exit le téléphérique intramuros qui devait relier le Jardin Eexotique à Fontvieille ou encore l’ascenseur partant de la Place d’armes pour aller sur le Rocher? « Aucune étude n’est en cours sur ces sujets », répond-on au DEEU. Quant au transport en commun en site propre, traversant la Principauté d’Est en ouest, il a pour l’heure disparu des tablettes, au profit des nouvelles lignes express.

Si le Conseil National « note avec satisfaction la mobilisation du Gouvernement autour de la mobilité », il est fort à parier que la question reviendra en force dans le cadre de l’examen du prochain Budget Rectificatif de Printemps et continuera à alimenter les débats les prochaines années. Les conseillers nationaux militent en effet activement pour « la mise en place d’une navette maritime entre Nice et Monaco », « le lancement des études d’un métro express Nice-Monaco, complémentaire du TER », aussi bien que pour « la publication d’un schéma directeur de développement ».

Péage urbain

Verra-t-on un jour à Monaco des mesures radicales comme l’interdiction des voitures « étrangères » en ville, avec des vignettes style Crit’Air par exemple, ou la mise en place d’un péage urbain ? « C’est une idée qui mérite d’être approfondie », estime le Ministre d’Etat, conscient que de tels dispositifs existent déjà à Londres ou dans des villes scandinaves. « Pour l’instant, nous n’envisageons pas de mettre en place un péage à l’entrée de ville ou de réserver l’usage de la circulation aux véhicules monégasques ou des Alpes-Maritimes, ce qui se passe d’ailleurs à Monaco-Ville. On n’a pas lancé d’étude mais la question se posera inévitablement un jour », a-t-il reconnu.

Et pourquoi pas, à l’avenir, imaginer que Monaco utilisera les progrès technologiques en matière d’IA et de mobilité.  La 7ème édition du Monaco Women Forum au One Monte Carlo a montré comment ces derniers transformaient non seulement les véhicules urbains, mais aussi notre approche aux déplacements, avec un modèle futuriste de partage de véhicules électriques et autonomes. « Avec la hausse des prix et la montée des préoccupations écologiques, la voiture individuelle commence à être perçue comme une contrainte. Il nous faut désormais repenser les mobilités, à travers notamment le partage des véhicules, des nouveaux moyens de locomotion plus légers et moins voraces en énergie, du transport à la demande et la facilitation des déplacements multimodaux », explique Eric Lebeau, Directeur Général de l’institut Vedecom qui publie chaque année avec la Macif un baromètre sur la mobilité des Français. 100 à 500 services de transports automatisés de voyageurs sans opérateur à bord seraient déployés dans le pays voisin d’ici à 2030…

* « Le CIGM gère environ 150 points de comptage répartis sur les principaux axes de la ville. Actuellement, le CIGM teste de nouveaux moyens de comptage de véhicules et d’analyse de trafic (radar, caméra et caméra thermique) afin de remplacer à moyen terme les boucles de comptage et adopter une technologie plus novatrice », selon le DEEU.

Combien ça coûte?

« La Principauté investit massivement dans la création des infrastructures permettant la concrétisation de ses objectifs en matière de mobilité », rappelle le DEEU. Ainsi, à titre d’exemple, pour améliorer la circulation intérieure, l’État a couplé deux mesures : « D’une part la réalisation en entrée de ville Est du Parking des Salines et de la nouvelle gare routière pour lesquels les montants, au budget 2024, s’élèvent à 225M€ TTC, auxquels s’ajoutent les 11 M€ TTC nécessaires pour la création de la Galerie des Salines. D’autres part, d’un renforcement des options et services des transports en commun – Compagnie des autobus de Monaco et Monabike – pour lesquels le montant inscrit au Budget Rectificatif de l’État en 2023, était de l’ordre de 20 M€, dont 6M€ au titre du plan de décarbonation de la CAM permettant l’acquisition de bus électriques et l’équipement des dépôts. »

En 2023, le coût total de la desserte interurbaine en transports en commun, y compris le covoiturage, était de 11,7 M€ ventilés entre la participation TER (8 414 980 €), le TC urbain CARF (165 000 €), la ligne Nice-Monaco-Menton (590 730 €), le covoiturage (576 250 €) et la participation Gare SNCF (2 007 002 €). « Pour 2024, le montant inscrit au Budget de l’État pour la desserte interurbaine s’élève à 15,76 M€ », indique le DEEU.

Miléna Radoman

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