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Isabelle Berro-Amadeï « Nous sommes les porte-paroles de la Principauté »

Magistrate de formation, Isabelle Berro-Amadeï a été juge à la Cour européenne des droits de l’homme (et fière de l’être) avant d’intégrer la diplomatie monégasque puis le Gouvernement. La nouvelle Conseiller de Gouvernement-Ministre des Relations Extérieures et de la Coopération revient sur les moments clés de sa carrière et livre la vision de sa mission. De la diplomatie économique à l’aide au développement, en passant par la gestion des tensions avec la Russie et des réfugiés ukrainiens.

Vous êtes magistrate de formation. Pourquoi avoir choisi ce domaine initialement ? C’est une vocation ?


J’ai très tôt ressenti un attrait pour une carrière judiciaire qui m’a par la suite apporté beaucoup de satisfactions. J’ai donc tout naturellement suivi un cursus universitaire à la faculté de droit de Nice, avant d’être admise à l’école nationale de la magistrature à Paris.
Être magistrat, ce n’est pas seulement une fonction, c’est aussi un engagement vers les autres. C’est dans cet état esprit que j’ai exercé 17 années au sein de la juridiction monégasque.


Qu’avez-vous retiré de votre expérience de juge puis de présidente de section à la Cour européenne des droits de l’homme ? C’est un rêve pour un magistrat ?


Trancher des questions nouvelles et des problèmes inédits, discuter, débattre, délibérer avec des collègues de 46 autres pays et nationalités, ces neuf années passées à la Cour ont été stimulantes et exaltantes ; elles m’ont appris à relati-viser et m’ont forcée à remettre en cause les idées reçues et préjugés. La Cour eu-ropéenne des droits de l’homme (CEDH) assume une responsabilité énorme sur la scène européenne et a l’obligation juridique et morale d’interpréter et d’appliquer au mieux les droits de la Convention européenne des droits de l’homme dans et pour la société actuelle. Chaque juge vient à la Cour avec son passé, son histoire personnelle, ses convictions. Mais la force de la Cour est d’être composée de juges qui ont des parcours différents, ce qui permet une réelle complémentarité sur un pied de totale égalité entre tous les juges. J’admire la juridiction de Strasbourg, je la trouve unique et irremplaçable. En avoir été membre restera une immense fierté. Parce qu’en arrière-plan se trouve la défense d’une certaine conception des droits de l’homme, être libre, égal à ses semblables, jouir de la dignité et des valeurs inhérentes à l’humanité.

Votre « reconversion » dans la diplomatie est venue naturellement ?

De 2015 à 2021 j’ai eu l’honneur de représenter la Principauté de Monaco à l’étranger en qualité d’Ambassadeur. Tout d’abord en Allemagne, en Autriche et en Pologne, et auprès des Organisations internationales à Vienne, puis en Belgique, au Luxembourg et aux Pays-Bas et auprès de l’Union européenne. En réalité, le lien entre les deux fonctions n’est pas si éloigné qu’il peut paraître de prime abord.
Mes fonctions de juge à la CEDH m’ont permis de pénétrer à l’intérieur d’une sphère multiculturelle et internationale que j’ai retrouvée une fois en poste à Berlin et à Bruxelles.

Tous les sujets sensibles qui agitent nos sociétés et qui sont soumis à l’examen de la Cour de Strasbourg, se retrouvent, sous de multiples aspects, discutés également dans les enceintes multilatérales ou abordés dans le contexte des relations bilatérales. Et dans chaque fonction, je me suis pleinement investie pour que la Principauté prenne toute sa place.

Dans quel état d’esprit avez-vous démarré votre poste de Conseil-ler de Gouvernement-Ministre des Relations Extérieures et de la Coopération ?


J’aborde désormais ces nouvelles fonctions que S.A.S. le Prince a bien voulu me confier avec beaucoup d’humilité. Il n’y a pas de plus grande fierté que d’être le représentant d’une histoire séculaire, le vecteur d’une image mondialement connue –même s’il faut parfois combattre certains clichés tenaces -, et le promoteur des intérêts politiques, économiques ou culturels de la Principauté. Mais c’est aussi une grande responsabilité. Je suis déterminée à poursuivre avec énergie la dynamique nouvelle voulue par le S.A.S. le Prince pour le rayonnement international de Monaco.
Au quotidien, j’ai retrouvé avec grand plaisir l’équipe dynamique et en-gagée du Département des Relations Extérieures et de la Coopération, avec laquelle j’ai été en contact durant mes fonctions d’Ambassadeur. Je souligne avec beaucoup de satisfaction que c’est un Département dont les postes de direction sont tous occupés par des femmes de grande valeur, et je m’en réjouis.
Si je porte un regard sur mon parcours professionnel, je dirai que son dénominateur commun est la défense des valeurs auxquelles je suis très attachée : des valeurs de justice, d’égalité, de respect des droits fondamentaux, de protection des plus faibles et des plus vulnérables, sans oublier d’éthique.

Quelle est aujourd’hui votre vision du rôle de la diplomatie monégasque ?


Je le répète souvent, l’ouverture au monde, pour la Principauté, c’est plus qu’un choix, c’est une part essentielle de son identité. Nous accueillons à Monaco des résidents étrangers de plus de 140 nationalités qui vivent en harmonie, et notre dynamisme économique repose en partie sur le fait que nous avons beaucoup d’entreprises tournées vers l’étranger. Cette ouverture, à l’heure où nous avons besoin de plus d’unité, de responsabilité et de solidarité, passe par une action internationale déterminée en faveur des valeurs et des objectifs portés par S.A.S. le Prince Souverain.
Alors que nous n’avons pas fini de ressentir tous les impacts de la crise sanitaire, nous avons conscience de vivre une année exceptionnelle par la portée et l’intensité des événements qui sont survenus depuis février dernier. Nous traversons une période d’intense remise en cause des certitudes diplomatiques, et de brouillage des lignes. Pour autant, nous devons continuer à défendre, dans un 21e siècle plein de défis, d’inconnus et d’opportunités, les intérêts de notre pays et les valeurs que nous sommes fiers de porter.

Comment le corps diplomatique monégasque fait-il entendre la voix de Monaco à l’international ?

La diplomatie monégasque peut s’enorgueillir d’être composée de femmes et d’hommes de grande qualité qui œuvrent au quotidien pour le rayonnement de la Principauté dans le monde. Le service public à l’international, ce n’est en effet pas seulement notre engagement auprès de nos compatriotes à l’étranger, mais c’est aussi faire entendre la voix de Monaco, par l’ensemble des accords internationaux que nous négocions, les démarches politiques effectuées par les ambassades, l’appui apporté aux entreprises et à toutes les entités de Monaco ou encore les entretiens avec nos homologues. Avec le réseau diplomatique et consulaire, véritable relai de la politique conduite dans le pays, nous sommes les ambassadeurs de la transformation de la Principauté et les porte-parole de la Principauté.

Vous comptez renforcer une démarche proactive d’attractivité des am-bassadeurs et consuls ? Comment ?

S.A.S. le Prince Souverain a fait de l’attractivité de la Principauté un axe majeur de l’action gouvernementale et diplomatique. Elle est une com-posante essentielle du développement de Mo-naco dans un contexte international extrêmement concurrentiel. Son enjeu est de répondre aux attentes des résidents et futurs résidents, des investisseurs, des entreprises, des salariés et des touristes. Tous les Départements ministériels sont concernés. Elle est mise en œuvre au travers de la diplomatie économique menée à l’étranger par le Département des Relations Extérieures et de la Coopération et par notre réseau diplomatique et consulaire.

Quel est l’état du réseau diplomatique monégasque justement ?

16 Ambassadeurs de Monaco sont aujourd’hui en fonction, 13 auprès de 28 États principalement en Europe et sur le Continent nord-américain (trois étant uniquement accrédités auprès d’Organisations Internationales).
Par ailleurs, la Principauté est également représentée à l’étranger par un réseau de 131 Consulats en activité dans 81 États. Il contribue historiquement, depuis le XIXe siècle, au rayonnement extérieur de Monaco en assurant une représentation officielle à l’étranger.
Ce rôle de promotion économique des Consulats est devenu au fil du temps primordial et il est d’autant plus important lorsqu’il n’y a pas de représentation diplomatique monégasque dans le pays. Ils secondent ainsi les efforts déployés par le Gouvernement Princier et les entités monégasques en vue de mieux faire connaître la Principauté, de promouvoir son potentiel économique, touristique et culturel. Enfin, ils facilitent la mise en relation des entreprises monégasques avec leurs homologues à l’étranger.

Vous vous appuyez également sur les consuls étrangers à Monaco ?

88 pays sont représentés à Monaco par un Consulat en activité. Ils sont, pour les Ambassades étrangères qui ne résident pas en Principauté, un appui essentiel permettant de renforcer les relations d’affaires entre les entreprises de la Principauté et celles de leur pays. Pour favoriser ces synergies, dans le cadre des présentations de lettres de créance des Ambassadeurs étrangers à S.A.S le Prince Souverain, le Département des Relations Extérieures et de la Coopération et la Direction des Relations Diplomatiques et Consulaires associent le Monaco Economic Board (MEB) au déjeuner officiel d’accréditation, pour favoriser les contacts des sections économiques des Ambassades avec le MEB.

Comment promeuvent-ils Monaco concrètement ?


La collaboration entre le MEB et le corps diplomatique et consulaire a été optimisée en 2020 et 2021 par l’adaptation des formats promo-tionnels au regard notamment de l’évolution des contraintes sanitaires, afin d’assurer la continuité des opérations. Des Webinaires ont ainsi été organisés par le MEB avec des entités de pays étrangers, permettant d’identifier les secteurs d’activités d’intérêt commun. Des échanges en visioconférences ont eu lieu, pour n’en citer que quelque uns, avec les Émirats Arabes Unis, en amont des missions économiques prévues à l’Expo Dubaï 2020, avec Madagascar, avant mon déplacement sur le terrain en avril dernier, ou encore avec Djibouti, lequel a favorisé tout récemment une visite à Monaco d’une délégation d’entrepreneurs djiboutiens et la signature de protocoles d’accords entre les deux chambres de commerce et avec le CEMA. Les Ambassadeurs et Consuls de Monaco sont également très actifs dans leurs pays d’accréditation pour promouvoir la politique d’attractivité de Monaco. Les réunions du réseau consulaire sont traditionnellement
l’occasion pour les Ambassadeurs de Monaco à l’étranger de présenter les projets permettant la valorisation de l’attractivité de Monaco, avec la participation du MEB ou d’autres entités monégasques, en fonction des thématiques retenues. Ces présentations conduisent la plupart du temps à l’organisation de missions de promotion conjointes, qui ont, je dois le dire, toujours beaucoup de succès.
Le réseau diplomatique et consulaire travaille donc en étroite collaboration avec l’ensemble des acteurs et des entités économiques et culturelles de Monaco, notamment lors de leurs déplacements à l’étranger, qui sont autant d’occasions d’exporter les atouts touristiques, économiques, culturels, artistiques et événementiels de Monaco. Nous avons la chance à Monaco de pouvoir mettre en valeur de nombreux domaines dans lesquels nous avons du savoir-faire, il faut donc le faire savoir et je peux vous assurer que nos Ambassadeurs et Consuls s’y emploient avec efficacité et ferveur !

Avec le Covid, le digital a changé les codes habituels du monde diplomatique ?


L’adaptabilité a vraiment été le maître mot de nos actions : un exemple récent, au regard des contraintes sanitaires qui perdurent notamment en Asie, il a été proposé à la Principauté de participer en format digital à un Salon International Import Expo. Cette année et pour la première fois, les Pavillons Nationaux seront dématérialisés et uniquement accessibles depuis le site officiel du Salon. Les pays participants fourniront le contenu pour mettre en lumière leur développement et leur attractivité économique et culturelle dans les salles d’exposition numériques.
De façon plus générale, le monde diplomatique a réussi, pendant cette période particulière de pandémie, à faire preuve de réactivité et d’adaptation, puisque les liens ont été maintenus, l’activité poursuivie, les sessions, réunions, conférences se sont tenues en distanciel, même si, je le concède bien volontiers, ces solutions ne remplacent pas ce qui fait le cœur de notre métier, les échanges et le contact en direct.

La formation du corps diplomatique doit-elle évoluer ? Se professionnaliser ?


Comme vous le savez, le Département des Relations Extérieures a été créé le 10 janvier 2005 par Ordonnance Souveraine de S.A.S le Prince Rainier III. La constitution de cette nouvelle structure ministérielle a été initiée suite au développement des activités inter-nationales et notamment de la désignation d’Ambassadeurs étrangers accrédités en Principauté. La transformation de ce qui était jusqu’alors une Direction dépendant directe-ment du Ministre d’État en un Département, a permis d’élargir ses moyens d’action et de s’appuyer in fine sur deux Directions : la Direction des Relations Diplomatiques et Consulaires (DRDC) et enfin la Direction de la Coopération Internationale (DCI). C’est donc un Département relativement jeune, mais qui a déjà su évoluer et se structurer pour assurer la présence internationale de Monaco. On ne peut pas comparer le corps diplomatique monégasque avec celui d’un grand pays. Je l’ai dit, notre réseau diplomatique est constitué de 16 ambassadeurs, mais pour autant, grâce à un réseau consulaire étendu, Monaco est présent partout dans le monde. Nos Ambassadeurs sont secondés dans leur travail par des diplomates compétents, qui changent désormais d’affectation après un certain nombre d’années en poste, afin d’acquérir ainsi de nouvelles expériences et d’enrichir leurs acquis. Nous réfléchissons en permanence, au Département, sur la façon d’améliorer les méthodes de travail, la formation, les connaissances, en adéquation avec nos besoins et nos capacités.

Monaco est un État neutre mais s’est vite positionné contre l’inva-sion russe en Ukraine. Comment ont été décidées les sanctions ?

Dès l’invasion du territoire ukrainien par la Fédération de Russie, Monaco a fait valoir sur la scène internationale son ferme attache-ment au respect du droit international, à la souveraineté de l’Ukraine et à son intégrité territoriale dans ses frontières internationalement reconnues. La Principauté a, en outre, appelé à la poursuite du dia-logue et des négociations diplomatiques, tout en saluant le courage dont font preuve le peuple ukrainien et ses dirigeants. S’agissant des sanctions économiques et financières, la Principauté de Monaco, de par son appartenance à la zone euro et l’intégration de ses banques aux systèmes de paiement européens, a immédiatement adopté, par décision ministérielle, les mesures économiques générales et de gels de fonds identiques à celles prises par l’Union européenne.

Monaco a accueilli des familles de réfugiés ukrainiens. Comment se passe leur intégration ?


La Principauté a en effet manifesté sa solidarité à la population ukrai-nienne, et accueilli des personnes ayant fui le conflit, principalement des femmes et des enfants. Au 19 mai 2022, près de 160 personnes ayant quitté l’Ukraine ont trouvé refuge à Monaco. 33 enfants ont été scolarisés dans les établissements monégasques. Leur intégration se déroule bien. A cet égard, le Gouvernement Princier a établi, en lien avec la Croix Rouge Monégasque, une procédure en vue de leur assurer le meilleur accueil possible en Principauté. Ces per-sonnes bénéficient d’un accompagnement social et médico-psychologique, de l’octroi d’une couverture médicale, du versement d’une aide financière ou encore de cours de français dispensés par l’Alliance française. De plus, un guide d’accueil, traduit en anglais et en ukrainien, a été élaboré pour faciliter l’arrivée et l’insertion de ces personnes déplacées.

Quelles sont les relations actuelles avec la Russie compte tenu que Monaco est listé parmi les États hostiles ?


Nous sommes très préoccupés comme chacun peut l’être aujourd’hui en Europe. Comme je l’ai dit, Monaco attache une grande importance au respect du droit international, de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité des territoires. C’est une constante dans les positions que nous prenons en matière diplomatique. Dans ces heures difficiles, la Principauté est aux côtés de la population ukrainienne et soutenons toutes les initiatives qui permettraient de faire cesser au plus vite les opérations militaires et renouer le dialogue.

Avez-vous eu un contact avec le président Zelensky ?


Je n’ai pas eu de contact avec le président Zelensky mais j’ai pu m’entretenir longuement avec l’Ambassadeur d’Ukraine à Monaco, Vadym Omelchenko, lors de sa visite en Principauté.
Vous êtes en charge de la coopération et de l’aide au développement monégasque. Les priorités de cette aide ont-elles évolué ?Outre la défense de ses intérêts portée par son réseau diplomatique et consulaire, la Principauté, suivant la volonté de ses Princes, s’est résolument positionnée à l’international comme un acteur engagé du développement durable de la planète et de la mise en œuvre des objectifs adoptés par l’Organisation des Nations Unies pour 2030. Poursuivant cette ambition, elle contribue essentiellement par la voie de la solidarité aux valeurs fondamentales que sont la Paix, le respect des Droits humains et la tolérance. Ainsi, la politique de coopération au développement a continuellement bénéficié d’un renforcement de ses moyens au fil des années.

Quelle est la part du budget de l’État dédiée à l’aide au développement ?

Le montant global de l’APD est passé de 1 million d’euros annuel au milieu des années 2000 à environ 21,5 millions d’euros en 2022. Ce montant sera en constante augmentation pour la période

triennale à venir. La coopération au développe-ment représente 80 % du total de l’APD. Les 20 % restants, tout aussi importants, sont consacrés à soutenir les positions politiques de la Principauté dans les enceintes internationales, notamment en ce qui concerne les droits humains, la paix, la sécurité et l’environnement.
Rapporté à notre population, cela nous place régulièrement vers le haut des listes établies par les Organisations internationales. Par, exemple, Monaco se classe en 2022 au premier rang des États donateurs du Haut-Commissariat aux Ré-fugiés per capita, illustrant concrètement notre engagement en faveur des droits des personnes réfugiées. C’est également le cas avec le Programme Alimentaire Mondial qui agit contre la faim. Il convient de remarquer que ces deux exemples (réfugiés et aide alimentaire) font hélas écho aux conséquences de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine et à la période de grande sécheresse qui sévit depuis plusieurs mois dans une partie du monde renforçant malheureusement les perspectives de famines qui pourraient survenir dans de nombreux pays, principalement en Afrique et dans les pays arabes les plus pauvres.

La priorité est donc de lutter contre la pauvreté ? Comment et dans quels pays ?


Répondant aux Objectifs de développement durable de l’ONU, le principal objectif de la politique de coopération au développement menée par le Gouvernement Princier est de lutter contre la pauvreté en favorisant l’accès des plus vulnérables à leurs droits fondamentaux : la santé, la sécurité alimentaire et nutritionnelle, l’éducation/protection de l’enfance et l’accès au travail décent. Ces droits sont souvent bafoués et il est de notre devoir d’agir pour la dignité et le développement de chacun. Nos interventions sous la forme de projets menés par des partenaires efficaces ciblent tout particulièrement les groupes les plus vulnérables dans 11 pays prioritaires situés essentiellement en Afrique et à Madagascar : les enfants, les femmes, les personnes en situation de handicap, les personnes réfugiées/déplacées.

Ces actions s’inscrivent sur le long terme ?


La Direction de la Coopération Internationale est en charge de la coopéra-tion au développement. Ses réalisations sont guidées pour des périodes de trois ans par un plan stratégique qui en définit les lignes maîtresses. L’augmentation importante des moyens consentis s’inscrit dans un contexte où, pour la première fois depuis plus de vingt ans, l’extrême pauvreté a augmenté, notamment en 2020 sous les effets des consé-quences de la pandémie de COVID-19. Selon l’Organisation des Nations Unies, une décennie de développement aurait été balayée dans les pays les plus pauvres. Sans parler des conséquences du conflit en Ukraine…. La Coopération de Monaco doit jouer un rôle d’amortisseur des effets de multiples contraintes (pandémies, conflits, crises, changements climatiques, insécurité alimentaire) qui pèsent avant tout sur les populations les plus vulnérables.

Où en sont les négociations avec l’Union européenne ?


Nous négocions depuis 2015 un accord d’as-sociation, qui consiste à définir sous un aspect stable et pérenne, le futur cadre de nos relations avec nos voisins européens. L’objectif est de faire reconnaître que Monaco, en tant que Cité-État, doit pouvoir préserver son identité nationale et son modèle économique dont le dynamisme profite à toute la région. Notre situation est unique au monde : un territoire contraint, une population nationale minoritaire dans son pays et une forte attractivité internationale. C’est tout l’enjeu de cette négociation et c’est la position que nous défendons depuis l’origine, conformément aux instructions du Prince Albert II.
Nous avons bien avancé sur les points techniques dans le contexte de l’examen de la reprise de l’acquis européen. L’équipe de négociation côté européen a changé fin 2021 et nous espérons pouvoir aborder cette année une discussion politique avec la nouvelle unité en charge de notre dossier pour avoir une vision sur l’avenir des négociations.

La coopération monégasque est engagée auprès des populations vulnérables en Afrique via le financement de projets dans des domaines variés tels que la santé, la nutrition, ou la sécurité alimentaire.
En 2018, le Prince souverain Albert II de Monaco a effectué une visite d’amitié et de travail au Burkina Faso. Un séjour qui a permis de parcourir différents domaines de la Coopération entre les deux pays.
En 2020, compte tenu de l’épidémie de Covid-19, la Direction de la Coopération Internationale a mis en place un système exceptionnel d’aides d’urgence dans ses pays partenaires: Afrique du Sud, Burkina Faso, Burundi, Liban, Madagascar, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tunisie.
Sur les 388 millions d’enfants qui reçoivent un repas scolaire dans le monde, seuls 53 millions d’enfants (13%) sont en Afrique sub-saharienne. La DCI soutient les programmes d’alimentation scolaire, qui contribuent à la solidité des systèmes alimentaires locaux (soutien aux petits producteurs, coopératives et groupement de femmes, achats locaux, diversification des aliments).

Miléna RADOMAN

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