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Frédérique Genta Princiaputé de Monaco

Frédéric Genta : « Nous avons à Monaco une grosse communauté d’investisseurs Tech »

Le Délégué Interministériel Frédéric Genta est en charge de la Transition Numérique et de l’Attractivité de la Principauté. Pour lui, les deux vont de pair, et Monaco se rapprocherait de la fameuse « Funding nation de progrès ».

Pour qualifier l’Administration, on parle souvent d’un mammouth difficile à réformer. Est-ce difficile de digitaliser le secteur public d’un pays ? Quel bilan tirez-vous de l’action entreprise depuis 5 ans ?L’usager est au cœur des préoccupations de l’Etat et de l’évolution des politiques publiques. Nous visons l’excellence de notre Service Public, et c’est dans cette perspective que nous misons sur ceux qui composent l’Administration monégasque, soit près de 5 000 fonc-tionnaires et agents de l’Etat. L’avantage procuré par notre taille c’est qu’on peut leur parler directement et mieux les sensibiliser aux enjeux. A Monaco, la transformation numérique des services publics est basée sur l’humain et le choix pour l’usager de l’interaction avec l’Etat. Le numé-rique n’est pas utilisé pour contraindre mais pour apporter un service en complément de l’aspect humain incarné par notre Service Public physique.


Il faut embarquer les équipes ?
Le plus complexe dans la transformation, c’est l’humain, pas la tech-nologie. Dans ce cadre le numérique constitue surtout un changement d’habitude et de relation aux autres. Nous avons fait le pari d’investir sur trois piliers : la digitalisation, la formation et l’inclusion. Il faut que chaque élément de ce triptyque soit présent pour que la transformation ait lieu. Sans formation préalable ou sans inclusion tout au long de la vie de l’usager, nous risquons de créer des coquilles vides. Notre stratégie porte d’ailleurs ses fruits car plus de 80% des démarches sont aujourd’hui réalisées en ligne.


Comment cela impacte le budget de l’Etat ?
En mars 2018, la Principauté disposait de peu de services numériques gouvernementaux. Comme dit précédemment, lorsqu’il y avait 100 demandes dans des canaux physiques, aujourd’hui il n’y en a plus que 20. Les démarches digitalisées font gagner beaucoup de temps aux fonctionnaires et agents de l’Etat en supprimant des tâches répétitives et en leur permettant d’apporter de la valeur aux usagers par des conseils et des échanges.


Dans le privé, quel secteur est selon vous le plus digitalisé ?

Tout d’abord il faut rappeler une vérité fondamentale, le numérique touche tous les secteurs de l’économie car le numérique touche tous les clients. Il intervient profondément dans notre relation aux commerces, à l’immobilier et même à nos finances. Dès lors il n’est pas surprenant de voir que l’ensemble de l’économie monégasque a entamé cette mue profonde. Cela est confirmé par les allocations du Fonds bleu qui concerne tous les secteurs. Par exemple, l’ensemble de la chaine de valeur de l’immobilier est concerné : architectes, pro-moteurs, entreprises de construction, agents etc. Nous avons eu de nombreuses demandes émanant du commerce (e-commerce, online to store), mais aussi de la finance pour mettre en place les outils adéquates nécessaires au télétravail ou à la sécurisation des don-nées. Quel que soit le secteur d’activité, on voit nettement apparaître trois besoins : la sécurisation et la souveraineté des données liées au Cloud souverain, le développement commercial pour les prospects et la vente (sites internet, visites virtuelles d’appartements etc.), et enfin la hausse de la productivité (logiciels de comptabilité, ressources humaines, formation des équipes au télétravail, etc.). L’intérêt est réel : Le Fonds Bleu a financé 680 dossiers et généré 400 emplois créés. Un euro investi représente 8 euros de chiffre d’affaires supplémentaire pour les entreprises. En plus de tout ce que cela rapporte à l’Etat en termes d’ISB, de TVA et de charges sociales. En synthèse, en plus d’être indispensable, la transformation numérique est extrêmement rentable.


Il y a une volonté des pouvoirs publics de pousser la Proptech ?

Exactement. En 2021, la Principauté de Monaco a décidé de soutenir le Baromètre PropTech Global Trend, publié par le Gouvernement Princier en collaboration avec l’ESCP Business School. Ce baromètre est à l’intersection de deux sujets essentiels pour la Principauté : l’immobilier, qui représente 20% du PIB monégasque, et est donc un secteur stratégique pour Monaco, et le numérique, qui est l’un des leviers majeurs pour le développement économique et l’attractivité de la Principauté. Ce baromètre est la première pierre de l’ambition monégasque de devenir un centre mondial du Real Estate Tech. Concrètement, nous abordons la Proptech avec trois axes : l’investis-sement en lien avec nos banques et family offices, l’incorporation des start-ups dans l’écosystème monégasque (promoteurs et agences) et la valeur ajoutée générée pour notre économie et nos finances publiques. Cette rencontre annuelle permet à des entreprises moné-gasques d’avoir accès à des partenaires potentiels, des académiques et des investisseurs.
Vous avez déjà senti une arrivée d’investisseurs dans le domaine Tech ?

Nous avons à Monaco une grosse communauté d’investisseurs et de structures d’investissement dans le domaine de la technologie. Cela constitue un immense atout d’attractivité pour les entreprises à forte croissance et positionne la Principauté dans cet écosystème. Etant en charge de l’attractivité et de la transition numérique, je rencontre cette communauté de résidents et réalise le potentiel que cela représente. Le Prince Albert II avait parlé en 2019 de « Funding nation de progrès » pour la Principauté qui doit concilier de manière catégorique l’inves-tissement et l’impact. On ne peut, de manière raisonnable dissocier l’investissement des conséquences environnementales et sociales qu’il constitue. Chaque action doit être responsable et nous devons nous assurer que Monaco est exemplaire.

Ce sera l’une des mesures phares du plan pour l’attractivité de la Principauté ?
Exactement. Ce plan pour l’attractivité est dessiné pour attirer en Prin-cipauté davantage d’investisseurs et de résidents actifs, notamment des personnes qui gèrent des fonds d’investissement. Il s’agit aussi de mobiliser la communauté de résidents et d’investisseurs locaux déjà implantés à Monaco comme décrit ci-dessous. Enfin nous souhaitons faciliter la vie des acteurs économiques en simplifiant notre droit et nos procédures pour générer de la croissance.

Quel est le ressenti de cette communauté sur l’attractivité monégasque ?
Monaco est de plus en plus attractif mais il existe une concurrence forte de Singapour, de la Suisse ou encore de Dubaï, dans le contexte mondial que nous connaissons tous. Monaco fait partie des destinations prisées mais souvent notre proposition de valeur est mal comprise ou caricaturée. Il s’agit de faire mieux connaitre les exceptionnels atouts de Monaco et de nous assurer que nos structures et notre encadrement concilient toujours la sécurité indispensable et l’attractivité nécessaire.

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