Avec des prévisions de recettes s’élevant à 1 889171100 € (en hausse de+ 28,7%), l’Etat monégasque présente un budget résolument optimiste.
C’est un budget 2022 légèrement excédentaire – 2,9 millions d’euros – qui a été adopté par le conseil national en décembre. « L’année 2020 avait clôturé en déficit à -103,2 millions du fait de la crise sanitaire et de ses consé· quences, après huit années excédentaires consécutives (de 207 2 à 2019). l.’.année 2027 marquera un net redressement de nos finances publiques. Dès lors, renouer dès à présent avec des perspectives excédentaires pour l’an prochain constitue un gage de confiance envers l’économie monégasque», commente le ministre d’Etat Pierre Dartout. Depuis le début de la crise, l’Etat n’a pas mégoté sur les mesures de soutien en faveur des acteurs économiques. « Nous avons mobilisé à cette fin 297,8 millions d’euros, ce qui constitue un effort sans précédent pour venir en aide aux entreprises (Plan de relance, CTTR, Fonds de garantie, CARE … ). Au final, c’est très exactement 405,3 millions d’euros qui auront été mobilisés depuis le début de la crise en comp· tant l’ensemble des mesures financières et sanitaires. 405 millions d’euros, cela représente environ un quart du budget annuel de l’État! » Le gouvernement veut aujourd’hui regarder droit devant. « Grâce à la résilience de notre économie, soutenue par l’Etat, une nouvelle dynamique vertueuse s’engage. Nous l’anticipons dès à présent, avec une dépense publique dessinant des changements profonds, tant au niveau économique que social. » La dépense publique s’est ainsi vue majorée de plus de 300 millions d’euros en 2022 « pour des investissements dans les secteurs clés qui nous permettront de nous adapter au monde post-Covid ».«Bien que nous n’en ayons pas fini avec le virus, il nous faut dès à présent investir dans ces secteurs prioritaires pour assurer notre avenir. Je pense bien sûr aux domaines liés au numérique et à la transition énergétique, pour lesquels des financements très importants sont prévus », lance le ministre d’Etat, qui liste également les domaines qui fondent l’attractivité de la Principauté : la sécurité, la santé, l’éducation, la culture, le sport et la protection sociale.
Les équipements et investissements priorisés
Les grands équipements restent au coeur des préoccupations de l’Etat. « C’est indispensable pour continuer à améliorer notre cadre de vie et à attirer de nouveaux investisseurs et visiteurs. 659,4 millions
d’euros seront consacrés en 2022 aux dépenses d’équipements et d’investissements (+48,3 millions d’euros). » Ilot Pasteur(+ 29 millions d’euros). extension du Grimaldi forum(+ 19,3 millions d’€), opération entrée de ville du Jardin exotique (+ 16,5 millions d’€), nouveau projet d’agrandissement du ministère d’Etat, rénovation du Stade des Moneghetti, transposition des mesures des accords Ségur appliquées en France (qui se traduit par une prime pérennisée, mensuelle de 183 euros nets, avec effet rétroactif à janvier 2021, soit près de 2 200 euros par an) …
l.’.un des projets les plus importants pour la population sera le remplacement de l’usine de traitement des déchets. Un investissement total de 300 millions d’euros, qui a vocation à limiter les rejets polluants et les diviser de 2 à 10 fois par rapport à aujourd’hui.« Cette opération constitue un instrument majeur pour atteindre nos objectifs de réduction de gaz à effet de serre, en extrayant les plastiques ré· siduels de nos ordures ménagères », insiste Pierre Dartout. Baptisé «Symbiose », ce projet donnera à terme« un nouveau visage à l’entrée de ville et placera en souterrain le réseau de voies routières et les charrois de camions. Autre chantier capital pour les Monégasques: le plan national pour le logement des Monégasques (175,4 millions en 2022). De 1 363 logements annoncés en 2019, il passe à un solde net de 1 518 appartements. Sujet de tension récurrent entre le gouvernement et le conseil national, le logement a encore marqué les débats budgétaires de décembre 2021, l’assemblée demandant toujours plus de logements avec une optimisation des opérations domaniales. 8 élus se sont ainsi prononcés contre le Budget pour manifester leur mécontentement face aux retards de l’opération Bel Air et leur crainte d’une pénurie d’appartements domaniaux.
Monaco et son économie post-Covid
Monaco doit continuer à capitaliser sur nos forces la sécurité, institutionnelle, physique, numérique, sanitaire et sociale. C’est en substance ce qu’ont indiqué les anonymes et personnalités de l’administration, du secteur privé, Monaco doit continuer à capitaliser sur nos forces la sécurité, institutionnelle, physique, numérique, sanitaire et sociale. C’est en substance ce qu’ont indiqué les anonymes et personnalités de l’administration, du secteur privé, du monde sportif, interrogées par Saatchi & Saatchi. Cette agence travaille sur le positionnement de Monaco dans le monde post-covid. « Cela nous aide pour définir le modèle économique de demain. C’est une introspection sur nos points forts et nos faiblesses, dans une période de crise on doit prendre le temps de réfléchir », indique le conseiller-ministre Jean Castellini. Les conclusions seront rendues en 2022 et des arbitrages seront effectués par le Prince Albert Il.
« Pourquoi nous obliger à en arriver à de telles crispations alors que le Gouvernement aurait pu dans les mois et les semaines qui ont précédé ces débats, préparer et présenter aux élus les solutions alternatives et complémentaires, que le Gouvernement a su élaborer en moins d’une semaine?», a commenté le président du conseil national Stéphane Valeri. Tandis que José Badia, par exemple, fustigeait le « bricolage>> opéré par le gouvernement.
Un autre investissement majeur est également attendu par la population: l’extension du centre commercial de Fontvieille. Le premier coup de pioche ne devrait pas être donné avant 2024. « Le défi c’est de transférer des services administratifs qui sont actuellement dans le centre commercial et des entités comme Leo Ferré dans l’ilot Pasteur. Il faudra migrer vers l’ilot pasteur soit les équipes, soit les équipements, ce sera l’élément déclencheur ll, indique le conseiller de gouvernement-ministre des Finances Jean Castellini. Les années 2022 et 2023 seront utilisées pour phaser les travaux, déterminer les attentes des consommateurs, définir les marques incontournables, intemporelles, tout comme des offres axées vers le divertissement et le plaisir. « Le centre commercial est aujourd’hui avant tout un hypermarché avec des boutiques autour, il faut quelque chose de plus diversifié et correspondant davantage aux attentes du consommateur qui veut avoir une expérience, un moment agréable, seul ou en famille)), estime Jean Castellini, qui a déjà une petite idée de ces attentes. Un sondage BVA, en association avec Dimension, a en effet sollicité résidents et salariés. Elle a été présentée aux commerçants du centre et à l’Observatoire du commerce.
D’où vient la hausse des recettes ?
La hausse des recettes prévisionnelles du Budget Primitif 2022 (+ 228,8 M€) par rapport au BP 2021 est liée à la progression des recettes fiscales(+ 298,8 M€ soit 1,261 Md€), à la reprise de l’activité observée en 2021 (+ 210,5 M€ sur la TVA brute hors TVA Immobilière) et à la progression des recettes de TVA immobilière (+ 44 M€, soit 129 M€) A noter parallèlement, l’arrivée à son terme en 2021 des recettes exceptionnelles liées au transfert progressif au Fonds de Réserve Constitutionnel des actions inaliénables de la SBM (soit-100 M€ sur les produits du Domaine Financier).
Milena RADOMAN