Depuis quelques années, la place monégasque a vu l’entrée d’un nouvel acteur : le Multi Family Office (MFO). Quelle est sa mission? Sert-il de garde-fou? Les réponses d’Antoine Mari, directeur d’Altiqa Monaco.
A Monaco, depuis 2017, le Multi Family Office a fait des émules. « Une vingtaine de MFO se sont constitués depuis la loi de décembre 2016. Avec le Luxembourg, Monaco est le seul pays qui a fixé la réglementation de cette activité», indique Antoine Mari, directeur d’Altiqa Monaco, qui a lancé le sien en janvier 2021.
Une neutralité impérative
Concrètement, le MFO sert les intérêts de plusieurs familles, dont le patrimoine peut aller jusqu’à 150 millions d’euros, grâce à différents professionnels spécialisés chacun dans son domaine. En effet, l’activité du MFO commence par une phase d’ingénierie patrimoniale avant de se concentrer sur la consolidation du patrimoine et l’administration des affaires de la famille. « Le MFO est là pour accompagner et surveiller les investissements des familles tout comme l’évolution de leur patrimoine, résume Antoine Mari. C’est un arbitre indépendant ayant le savoir-faire nécessaire pour analyser si ce que font les gérants de portefeuille tient la route. » Le Family Officer est en quelque sorte le chef d’orchestre du patrimoine du client avec une vision globale et une projection à moyen et long terme. Sa neutralité est impérative. C’est ce qu’impose la législation monégasque, en interdisant toute commission ou tout conflit d’intérêts 1
« La majorité de nos clients possèdent des comptes bancaires dans plusieurs établissements à Monaco et à l’étranger. Périodiquement, nous centralisons ces informations financières sur un seul relevé de compte et vérifions que les différentes banques opèrent une gestion correspondant au profil de risque du client – conservateur ou à risque élevé par exemple -. Nous avons l’avantage d’avoir une vision globale du patrimoine et pointons ainsi parfois des erreurs de la part des gérants de portefeuille. »
Une supervision sur l’ensemble du patrimoine
Le Multi Family Office patrimonial n’a pas pour objectif de faire du conseil en investissement, ce qui d’ailleurs n’est pas autorisé par la réglementation. « Notre travail n’est pas de conseiller d’acheter des actions Coca ou Pepsi, ou d’analyser la gestion titre par titre ! Il ne s’agit pas de se substituer au gestionnaire de fortune mais de contrôler la performance de la gestion en faisant un benchmark avec les autres professionnels selon les catégories d’actifs», rappelle le directeur d’Altiqa. Connaisseur de la place et de ses acteurs, le MFO peut orienter le client, en fonction de ses desideratas, vers telle banque ou société de gestion. La supervision du MFO s’opère également sur les biens immobiliers des familles concernées : « Certains agents immobiliers, que ce soit à Monaco ou à l’étranger, ont en main depuis fort longtemps la gestion des biens des clients. C’est pourquoi nous effectuons une étude de marché et jouons le rôle d’aiguillon pour valoriser au mieux le patrimoine du client. » La demande de services de la part des familles est forte et diversifiée, chacune étant unique et requiert une équipe pluridisciplinaire internationale. Après cette première année d’activité portée par Luca Farina et David Tanner nous avons renforcé notre équipe d’un nouveau Family Officer, Mattia Monti. Nous pouvons ainsi faire profiter nos clients d’un savoir-faire local et international. »
Les investissements alternatifs ont la cote
On sait que les clients des Multi Family Office sont fortunés mais quel est leur profil d’investisseur? « Ce sont principalement des familles résidant en Principauté. La gestion de leur fortune est généralement confiée à 50% à des banques privées et 50% à des sociétés de gestion. Cette typologie de clients a le réflexe de diversifier les professionnels chargés de gérer leurs actifs, ce qui permet de réduire les risques et de comparer les performances», souligne le directeur d’Altiqa Monaco. Ces dernières années, les investissements alternatifs (private equity, vins, bijoux, montres … ) ont la cote. « Les clients sont toujours à la recherche d’investissements alternatifs qui sont censés rapporter plus. Surtout quand on voit les envolées du marché de l’art ou des grands crus de Bordeaux qui atteignent des valeurs folles I Les investissements passion, c’est important car c’est ce qui fait rêver! Pour autant, dans le cadre de la conservation d’un patrimoine, un tel investissement ne doit pas représenter plus de 10 à 15%. »Antoine Mari est attentif à l’avenir des cryptomonnaies: « C’est une révolution ! Et nous ne sommes qu’au début d’une histoire très intéressante … » Comme MFO nous nous devons d’attirer l’attention de nos clients sur les risques et la grande volatilité de cette catégorie d’actif et de leur présenter les professionnels qui pourront les accompagner au mieux. »